Bonjour tristesse !
Pierre Scheidegger, Panathlon-Club Lausanne | Certains vont penser… bizarre… pourquoi bonjour tristesse ? … Avez-vous déjà regardé une classe de petits «boutchous» de quatre, cinq ans se tenant par la main en colonne par deux, se promenant sur un trottoir ?… Pas un sourire ! Etonnant non ? Sont-ils déjà à la limite du « burnout » ? Non, du moins ne l’espérons pas car ils pourraient devenir… des sportifs d’élite ! Gardons un soupçon d’espoir… pour la planète sport s’entend si nous ne voulons pas, dans un proche avenir, nous rendre à une manifestation sportive également en colonne par deux… sans un sourire ou tout simplement par fausse habitude ! Ce petit préambule nous oblige à quelques remarques ou… réflexions !
Quel plaisir ? Quelle satisfaction ? Quelle joie ?
Au gré de l’évolution que l’on vit dès 1960 par l’avènement de la télévision et de l’intérêt de certains médias, nous sommes obligés de reconnaître que le sportif, à part quelques exceptions, est devenu une forme de «marchandise» dont les prix connus à ce jour n’auront plus d’égal, si ce n’est à la «bourse économique».
Oui! Bonjour tristesse…
Que devient l’être… la femme… l’homme… le sportif? Un acteur consentant? Un «objet» que l’on jette après emploi ou même… n’ayant plus la rentabilité exigée par les bailleurs de fonds voire certains dirigeants? C’est une question avec pour corolaire… et c’est une réalité, la société l’accepte… tout en s’y habituant! Combien de jeunes, qui par l’espoir d’une réussite pouvant leur offrir plaisir et satisfaction, se trouvent «piégés» par des promesses fallacieuses où l’argent, terrible gangrène sans médication mais dont le dopage en est souvent le fruit, les laissent parfois dans des situations intolérables. Une vraie dramaturgie des sports modernes. Alors, il est vrai, la chasse aux médailles, à une coupe du monde, à un titre olympique peut nous laisser perplexes. La complainte du petit cheval blanc… On a vraiment l’impression, et ceci de plus en plus fréquent, que les sportifs de haut niveau ne sont plus que tristesse et regret! Oui, et c’est certain, une victoire quelle qu’elle soit, vous offre un sourire et une satisfaction. Mais à quel prix? Ils sont fatigués, se plaignent qu’ils n’ont pas eu de jeunesse, se trouvent à la limite du burnout, mal ici, mal là au saut du lit, sur les rotules et… ras le bol! Bonjour tristesse… mais acceptent les dollars! La dramaturgie? C’est souvent en fin de carrière! Bonjour tristesse! Notre société a besoin d’idoles, de champions. C’est certain! Mais le champion doit garder sa dignité s’il veut respecter l’image qu’il doit offrir à notre jeunesse par «l’apprentissage» sportif que lui ont offert ses entraîneurs.
C’est une règle à respecter!
Par chance, nous avons encore dans notre pays de grands champions qui, conscients de cette situation étonnante, acceptent le rôle d’ambassadeur en pérennisant ce qui ne devrait jamais être oublié, l’exemple pour la jeunesse sportive! Gardons toujours à l’image ces regards de plaisir, de fierté, même de joie de ces jeunes ramasseurs de balles alors qu’un des plus grands champions helvétiques de tous les temps, leur serrant la main en leur offrant une médaille souvenir qu’il leur passait personnellement autour du cou. Il n’y avait pas de larmes, pas de plainte, pas de tristesse! C’était beau… ce que tout sportif devrait respecter en toute situation. Alors… bonjour le sport!