Arts vivants – Le temps de l’humour
Interview de Viviane Bonelli, directrice artistique et productrice de la Compagnie El Diablo

Après avoir amené la culture du café-théâtre aux Ateliers de la Côte à Etoy, la Compagnie El Diablo a lancé, depuis février 2022, « Humour dans les prés ». Le concept ? Des spectacles populaires, partagés un dimanche par mois à la grande salle de Forel (Lavaux), autour d’un petit verre. Une programmation proposée grâce au concours de la Comédie de la Gare de Genève et du chœur d’hommes l’Avenir, qui n’a d’autre but que de faire rire et de le faire bien, et d’amener au théâtre celles et ceux qui, au bout d’une semaine de travail ont juste envie de se changer les idées. Rencontre avec Viviane Bonelli, qui programme et produit ces rencontres mensuelles.

Viviane Bonelli, était-il important pour vous d’amener le théâtre dans des zones rurales qui, habituellement, en sont lésées ?
C’était hyper important, c’était même primordial. Je pense que nous n’avons pas ici une offre culturelle comme on peut en avoir en ville. L’idée c’était d’amener un concept complet pour que les gens n’aient pas forcément besoin de prendre la voiture et puissent voir des spectacles de la même qualité que ce qu’on peut trouver ailleurs.
Quel accueil avez-vous eu dans les trois zones que vous avez investies ? Etait-il facile de s’implanter et de trouver votre public ?
Rien ne se fait tout seul. Il faut faire sa place, et il faut surtout que les gens acceptent quelque chose de nouveau, ce qui n’est pas toujours facile. Une fois que les gens sont venus, ils ont vu qu’on ne voulait que leur bien et que nous n’étions pas là dans un esprit de profit, mais dans un esprit de bienveillance. Quand on a démarré aux Ateliers de la Côte, c’était plus difficile que maintenant parce que le concept n’était pas connu. Aux premiers spectacles, nous n’avions pas beaucoup de monde, alors que maintenant, à Etoy, on est quasiment complet à chaque date. Les gens reviennent avec d’autres personnes et c’est ça notre meilleure pub. Ils sont vraiment reconnaissants et ça me donne encore plus envie de continuer.
Les compagnies que vous accueillez viennent souvent de France, comment vivent-elles ce voyage en terres vaudoises ?
Ils hallucinent complètement : « C’est magnifique, ce trajet en voiture, quelle beauté ! Quelle région, c’est incroyable ! » Ils sont tellement contents ! Ils adorent aussi les échanges avec le public. A la fin, il y a des gens qui font des photos avec eux, qui leur demandent des dédicaces, ils ont droit à un accueil incroyable.
On entend souvent qu’aller au théâtre doit forcément faire réfléchir, est-ce qu’un spectacle peut être simplement divertissant ?
Oui, j’en suis absolument persuadée. Et c’est pour ça qu’on fait ces saisons d’humour. C’est pour Monsieur et Madame Tout-le-Monde. On a beaucoup de gens qui viennent au théâtre pour la première fois. C’est pour eux que je fais ça. On peut aller au théâtre, rire, juste déconner et passer un bon moment.
Pour illustrer tout cela, pouvez-vous nous parler des Belles-mères, prochain spectacle programmé à Forel (le 16 avril, à 17h) ?
Les Belles-Mères, c’est deux comédiennes sur scène, deux belles-mères de deux religions différentes. Leurs enfants s’aiment, veulent se marier et elles sont scandalisées, n’étant pas du tout du même milieu social. C’est absolument incroyable. Les deux femmes qui jouent sont fantastiques. C’est des super comédiennes qui tiennent leur rôle de façon géniale. Je pense que ça va beaucoup plaire à Forel. A Etoy, tout le monde était debout !
Que peut-on attendre de la saison 2023-2024, dont le programme sera bientôt dévoilé ?
Que des super spectacles ! On voit que ce qui plaît ici, c’est vraiment des spectacles rigolos qui parlent de sexe, d’amour… C’est ce qui fait rire aujourd’hui et de tout temps. Donc ça va être dans le même registre. On a bien pu cibler quelles pièces plaisent, que ce soit ici à Forel ou aux Ateliers de la Côte, et notre programmation est vraiment calée sur ce qui a pu le mieux marcher cette saison. On essaie d’être au plus proche de ce que les gens aiment.
