Adieu
On parle le plus souvent de Barnabé comme de l’homme du strass et des paillettes, des comédies musicales extravagantes, il était aussi celui des satires politiques et des incontournables revues de fin d’année. Il était tout cela, mais pas que cela. Sans pouvoir dire s’il était précurseur en la matière, il a pourtant largement contribué au succès des revues en général. La sienne connu un succès fulgurant par delà les frontières romandes durant des décennies. Sa recette était à n’en pas douter gourmande. Il n’a jamais dérogé à la règle du Caf’Conc ou à celle de l’Opéra-Bouffe tant le verbe était haut et les mets savoureux. L’homme de spectacle ne se limitait pourtant pas à ces quelques étiquettes. Les limites, il les savourait en les franchissant avec humour et tendresse, et les étiquettes devenaient désuètes aussitôt accrochées. Personnage de talent et bourreau de travail, ses passions étaient multiples. Mais c’est surtout l’homme que l’on veut célébrer. Âme d’enfant, les yeux brillants qui bichonne son train électrique ou ses pianos mécaniques. Inventeur en chef lorsqu’il s’agit de faire vrombir le cinéma muet grâce à son orgue, mais aussi maître de cérémonie entouré de ses comédiens et danseurs. Jamais avare d’un bon mot pour les spectateurs, il était à la scène comme à la ville, joueur et amusé, heureux comme un gamin qui aurait fait une farce sans se faire attraper. Samedi passé, le rideau est tombé. Comme après un tonitruant final, on aurait voulu pouvoir se retrouver dans le lobby, les larmes de rire au coin des yeux, et se dire « à l’année prochaine ! ». Mais il faut bien se résoudre à un simple « Adieu… ». Jean-Claude Pasche s’en est allé sur le bout des pieds, discrètement, en s’excusant peut-être de n’avoir pu rester plus longtemps… Adieu l’artiste !