A la rencontre des gens d’ici:
Véronique à Châtillens
« J’ai toujours voulu sauver le monde. C’est pourquoi je suis devenue laborantine en chimie, avec le projet d’achever aussi une formation en biologie, ce qui n’a pas été possible. Et puis j’aurais tant voulu sauver Eric, mon époux. Mais je n’y suis pas arrivée. Ça été terrible! Aujourd’hui, je répare les gens qui ont été cassés par la vie ».
Il y a 25 ans, Véronique Mooser, et son mari Eric, qui avait acquis une certaine notoriété comme pilote de course moto, choisirent de s’installer à Chapelle. « Il nous fallait une maison plain-pied. Eric souffrait de myopathie et Il devait se déplacer en fauteuil roulant. Il avait une force incroyable. Malheureusement, je l’ai perdu il y a onze ans et ma vie a basculé. J’ai alors décidé de me consacrer encore plus aux autres ».
Aujourd’hui, à 59 ans, cette femme à la voix douce et au regard tendre est diplômée en art-thérapie. A travers un processus de création personnalisé, reconnu par la médecine, elle accompagne avec une infinie patience et une grande bienveillance celles et ceux, enfants ou adultes, qui se battent contre la dépression, l’anxiété ou d’autres difficultés émotionnelles. Ce sont des patients ou des clients ? « Ni l’un, ni l’autre… Ce sont des participants » !
« Avec chacun d’entre eux, j’ai toujours un entretien préalable pour choisir la voie à suivre : peinture, sculpture, collages ou écriture, par exemple. Mais je ne montre jamais leurs travaux. Ils sont confidentiels », Et vous obtenez des résultats ? « Bien sûr ! Même si ça peut parfois prendre un peu de temps », confie-t-elle avec un sourire rassurant.
Au mois de février dernier, Véronique a troqué le lieu d’accueil qu’elle avait aménagé chez elle, à Chapelle, pour un vaste et lumineux local, situé tout près de la gare de Châtillens. L’endroit, très convivial, joliment décoré, est un authentique atelier artisanal, chargé de matériel destiné à la création. « Cette proximité avec la gare est très pratique. Elle me permet de recevoir des personnes qui viennent parfois de loin », constate-t-elle.
Outre sa profession d’art-thérapeute, Véronique s’est initiée au Kintsugi, un art ancestral japonais qui consiste à rénover des porcelaines ou des céramiques brisées au moyen d’une laque dorée à la poudre d’or. Le résultat est fascinant. Elle enseigne cette technique à celles et ceux qui souhaitent se l’approprier. Elle l’a aussi habilement adaptée pour la proposer aux personnes qui font appel à elle pour se « réparer », comme elle dit. « Mais vous savez, ce sont elles qui se réparent. Moi je ne fais que les accompagner », tient-elle encore à préciser.
Véronique Mooser est l’auteure d’un livre intitulé « S’accepter, se réparer, sublimer ses fêlures », publié aux éditions Kiwi.
Informations : www.kintsugido.ch