A la rencontre des gens d’ici :
Stamatis à Lutry

Georges Pop | « Avec mon fils Julien, on se lève chaque matin vers cinq heures et demie pour préparer nos spécialités: de la moussaka, des boulettes de viande, des feuilles de vigne ou des feuilles de chou farcies, des feuilletés aux épinards et à la féta, en encore du tzatzíki et du caviar d’aubergine. Vraiment, j’adore ce travail ! ». Fils d’immigrés grecs, Stamatis Tsaprounis, 52 ans, a vécu son enfance et une grande part de sa vie d’adulte en France, sans jamais, cependant, oublier ses racines ni sa langue maternelle. Puis il a eu le coup de foudre pour Lutry où il a fini par s’installer avec son épouse française, Anne-Laure, et leurs trois garçons.
« En France, j’ai exercé plusieurs métiers, vendeur de voitures notamment. Mais j’ai appris la cuisine chez un traiteur grec de Paris. Bien que Français, mes beaux-parents vivaient à Fribourg et nous allions régulièrement les voir pendant les vacances. Ils insistaient pour que nous venions vivre en Suisse, près d’eux. Mais nous n’étions pas très attirés par Fribourg. En revanche nous avons été ébloui par la beauté de la région lausannoise », explique Stamatis.
En 2014, la famille réalise son rêve et déménage avec armes et bagages pour Lutry où elle compte bien se bâtir un nouvel avenir. Fort de ses talents de cuisinier, notre dynamique fils d’immigré se met à son compte comme épicier-traiteur dans le centre historique du village. Depuis, son « petit coin de Grèce », comme il l’appelle, est devenu un lieu de référence pour tous les gourmets amateurs de saveurs ensoleillées. « Je vais en Grèce deux ou trois fois par année, à Athènes, à Volos, en Thessalie ou encore dans le Péloponnèse, pour sélectionner les meilleurs produits pour mon magasin », indique-t-il. Il ajoute : « Ce ne sont pas vraiment des vacances (rires) ».
Très attaché à la culture de son pays d’origine, Stamatis avoue un amour immodéré pour la musique et les chansons grecques qui résonnent aux oreilles des visiteurs, aussitôt franchie la porte de son commerce. « Il m’est impossible de travailler sans musique. Que ce soit en cuisine ou au magasin, elle m’est indispensable. Elle me stimule ».
Sur la page d’accueil du site Internet de son magasin, baptisé « Y Grec », figure un petit mot de bienvenue étrangement signé « Matthieu ». Mais qui est ce Matthieu ? La question fait beaucoup rire Stamatis. Il finit pas expliquer : « Matthieu, c’est moi ! C’est un clin d’œil à mon enfance. Lorsque j’étais écolier, en France, ma maitresse était entourée d’élèves étrangers. Elle était incapable de retenir tous nos prénoms. Du coup, elle nous a affublés de prénoms pour elle plus facile à retenir. Pour moi, elle a choisi Matthieu… ».
Information : www.epiceriegrecque.ch