Une église emblématique
par J.-G. Linder, Association du Vieux Lavaux | Nombreux inscrits, samedi 8 mars, pour (re)découvrir les richesses de Saint-Saphorin, avec le pasteur F. Rosselet et le vigneron J.-C. Chevalley, ancien syndic du lieu, assisté de S. Demaurex, présidente de l’AVL.
Juchée sur le seul replat du village accroché à la pente du vignoble, l’église de Saint-Saphorin a deux mille ans d’histoire dans ses fondations qui abritent un petit musée. Des restes de mur y attestent d’une villa romaine (vers 50 après J.-C.), une mansio marquant probablement une étape de relais et de frontière, sur la route venant du Forum Claudii Vallensium, aujourd’hui Martigny, à 37 mille pas d’ici, comme indiqué sur une colonne, ancienne borne milliaire récupérée à l’intérieur de l’église. Au 5e siècle, un mausolée privé, sorte de catacombe, remplace l’ancien édifice romain.
Puis l’évêque Marius fait construire une première église à ce même emplacement, vers 600: elle est orientée, c’est-à-dire placée dans un axe est-ouest, symboliquement du soleil levant au couchant. Enfin en 1525, tous les précédents bâtiments ont été arasés et remplacés par une église en gothique flamboyant; son chevet est orné d’un vitrail présentant la Vierge Marie, l’évêque Sébastien de Montfalcon agenouillé à côté de saint Symphorien, le patron de l’église; «miraculeusement», les iconoclastes bernois, porteurs de la Réforme en Pays de Vaud (1536), ont épargné ce vitrail si contraire au dogme protestant!
Dans le dédale des étroites ruelles de la «ville» moyenâgeuse et vigneronne de Saint-Saphorin, les visiteurs ont encore découvert quelques maisons d’écrivains et artistes: Pierre Keller, habitant aujourd’hui l’ancien hôpital, s’inscrit dans cette lignée commencée avec Paul Budry (1883-1949) à «La Bicoque» non loin de chez Lélo Fiaux (1909-1964), qui invitait Charles-Albert Cingria, Géa Augsbourg, Corinna Bille et d’autres à la «Chambre Haute» de l’Auberge de l’Onde.
Une collation au caveau des vignerons de Saint-Saphorin a clos la visite, ici même où les chansonniers Gilles et Urfer s’étaient notamment produits en 1964. Le moment pour chacun et chacune de remercier les organisatrices P. Jarne et C. Panchaud.