Vendanges en Lavaux – Un millésime 2025 qui met du baume au cœur
Les journées raccourcissent, les soirées se rafraîchissent et les guinguettes du Léman tirent leurs rideaux : autant de signes que l’été touche à sa fin. En Lavaux, la nostalgie estivale laisse place à l’effervescence des vendanges. Le raisin n’attend pas et la récolte approche à grands pas. Malgré les incertitudes qui pèsent sur la branche, de nombreux vignerons choisissent l’optimisme et misent sur un millésime prometteur.
A Chexbres, chez Sophie et Constant Jomini, les vendanges sont synonymes de partage. Entourés de leurs fils, ils perpétuent la tradition et l’ambiance festive de cette période. « La réjouissance elle est là aussi, car il faut imaginer que la récolte, c’est une récolte annuelle. C’est l’accomplissement d’une année de travail », souligne Constant Jomini.
Pendant que l’un s’occupe des vignes et l’autre de la cave, Sophie est aux fourneaux avec une petite équipe pour nourrir les 25 vendangeurs. Chaque soir, la famille ouvre ses portes à la fanfare, aux voisins et aux amis. Un mélange de rigueur et de convivialité qui fait la particularité de cette période de l’année.
Les derniers préparatifs
Benjamin Jomini, chef de culture depuis deux ans, procède aux ultimes passages dans les vignes : « C’est l’une des dernières fois où l’on va à la vigne avant les vendanges. On fait les derniers coups de cisailles pour faire propre ». L’étape clé reste le sondage, qui consiste à prélever 100 grains de raisin afin de mesurer le taux de sucre (degrés Oeschle), le poids et la maturité. Un suivi essentiel pour déterminer le bon moment de vendanger.
Cette année, le vignoble a été relativement épargné par les maladies. Mildiou et oïdium se sont faits discrets, malgré quelques pluies qui ont mis la pression. Les nuits plus fraîches devraient permettre d’amener les grappes à parfaite maturité.
A la cave, Guillaume Jomini prépare l’arrivée de la vendange. « Généralement les espaces pour les vendanges sont utilisés pour d’autres travaux durant l’année. Quand on y pense, le mot avant les vendanges, c’est anticipation », explique-t-il. Cuves nettoyées, circuits organisés, tout doit être prêt pour accueillir les raisins.
L’effervescence des vendanges
A Saint-Saphorin, Maxine Chappuis s’apprête à vivre ses premières vendanges en tant que vigneronne-tâcheronne du domaine communal. Ces jours-ci, elle peaufine ses parcelles, « Les derniers travaux qu’il y a à faire, c’est de faire les vignes propres. Donc je suis venue faucher et passer un coup de débroussailleuse. Après, il faut faire attention, car si on prend des cailloux en passant, ça peut endommager les raisins ». Sur demande de la commune, la Confrérie des Vignerons évalue son travail. Il y a quelques temps, elle l’a accueillie sur le domaine afin qu’ils vérifient la qualité et la quantité de raisins.
Pour Maxine Chappuis « peut-être que la chose la plus compliquée avant les vendanges, c’est de définir une date. Tu es toujours un peu vers tes collègues, et parfois on se laisse influencer par les autres ».
Car les vendanges marquent l’aboutissement de douze mois d’efforts. « En l’espace de dix jours on va rentrer l’équivalent d’une année de travail et de plaisir, mais c’est aussi une année de salaire, notre salaire il est là, il est pendu à la vigne », résume Constant Jomini.
L’optimisme malgré la crise
Au-delà du vignoble, la viticulture traverse une période difficile, marquée par la baisse de la consommation et l’absence de repreneurs pour de nombreux domaines. « On est sur un beau millésime, qui s’annonce très bien. Quand on voit les raisins maintenant, ils sont magnifiques. On est très optimistes quant au qualitatif du millésime 2025 », se réjouit Constant Jomini.
Un optimisme partagé par ses fils, Guillaume et Benjamin, qui misent sur la clientèle privée et la mise en valeur de leur production pour affronter la crise. Mais les inquiétudes demeurent. « Une chose qui fait sincèrement peur, c’est la vitiviniculture dans le futur, au niveau des domaines qui n’arriveront malheureusement pas à passer cette crise. A Lavaux, on parle quand même de 30 % de domaines actuellement qui n’ont pas de repreneurs », alerte Guillaume.
Pour Maxine Chappuis aussi, les interrogations persistent, « bien sûr que je me pose des questions par rapport à notre vignoble qui est classé patrimoine mondial de l’Unesco, à quoi va-t-il ressembler avec le manque de repreneurs ? »
Préserver un patrimoine
Dans un pays classé 4e au monde pour la consommation de vin, le défi est de taille : soutenir les vignerons, valoriser le terroir et conjuguer tradition et modernité.
Malgré les incertitudes et les défis qui attendent nos jeunes professionnels, on sent une réelle motivation, portée par la passion de leur métier. Qu’il s’agisse de pérenniser l’entreprise familiale ou de s’épanouir dans les vignes avec des idées plein la tête, la relève est bien présente et ne se laissera pas abattre par la crise actuelle.
Car, comme le rappelle Benjamin Jomini, « il n’y a pas plus beau bureau que les terrasses de Lavaux ».