Pilier de la vie sociale et culturelle du Jorat, la grande salle de Carrouge est en chantier depuis une dizaine de jours. Abritant une garderie et un cinéma, ces rénovations constituent un défi de taille pour la commune. Rencontre avec Grégoire Favre, municipal en charge du dossier.

Construite en 1947, la grande salle a longtemps rempli sa mission, mais le temps a laissé des traces. Si le système de chauffage a été remplacé en 1980, il montre aujourd’hui des signes évidents de vétusté, tout comme l’enveloppe du bâtiment. Quarante ans plus tard, le Conseil communal a rejeté un premier projet limité au remplacement du chauffage, jugeant nécessaire une réflexion plus ambitieuse pour répondre aux besoins actuels.

Un nouveau projet de rénovation a donc vu le jour au printemps dernier, intégrant un assainissement énergétique, une pompe à chaleur, des panneaux solaires en toiture, des agrandissements et des aménagements pour garantir l’accessibilité des personnes à mobilité réduite. Objectif : offrir à la grande salle une seconde jeunesse et rouvrir ses portes à la rentrée. Pour mieux comprendre les enjeux et les défis de ce chantier, nous avons interrogé Grégoire Favre, municipal responsable des bâtiments communaux.

Le Courrier : À peine six mois après l’acceptation du préavis par le Conseil communal, les premiers travaux ont déjà débuté. Cette rénovation était-elle si urgente ?

Grégoire Favre : Le point d’urgence concernait principalement le système de chauffage. La chaudière au mazout ainsi que la régulation de l’installation de pulsion de l’air chaud, datant de 1980, sont en fin de vie et pouvaient tomber en panne à tout moment. C’était l’unique urgence immédiate.

Les sociétés locales sont nombreuses à utiliser la grande salle régulièrement. Ont-elles été impliquées dans ce projet ?

GF : Nous avons organisé plusieurs rencontres avec les utilisateurs réguliers pour identifier leurs besoins et adapter la salle en conséquence. Il est vite apparu que la cuisine était trop petite, que la scène manquait de largeur et que les espaces, en général, étaient insuffisants. Outre l’amélioration énergétique, la population nous a clairement fait savoir que des ajustements fonctionnels étaient nécessaires. Le mobilier sera également renouvelé et le cinéma bénéficiera de nouvelles chaises par exemple.

Quels sont les agrandissements prévus ?

GF : Au niveau de la grande salle, un vestiaire viendra agrandir la scène de 25 m², tandis que la cuisine gagnera 18 m². Une terrasse en verre permettra de rejoindre ces deux espaces et de profiter de l’extérieur. Ces extensions profiteront également à la garderie « Les Libellules », qui occupe le rez-de-chaussée de l’agrandissement de la scène. De plus, la galerie sera légèrement agrandie pour faciliter l’accès à la salle de projection du cinéma et offrir quelques places supplémentaires.

Qui dit assainissement énergétique dit subventions. Le Canton a-t-il soutenu ce projet ?

GF : Le coût total des travaux s’élève à 3,23 millions de francs, principalement financés par la commune. Une subvention d’environ 68’000 francs pour l’isolation des façades et le système de chauffage devrait être accordée par le canton, tandis que les panneaux solaires recevront un soutien de 5 à 10’000 francs. Ce n’est pas énorme, mais les montants sont calculés selon les critères standards.

Avez-vous déjà une idée des économies énergétiques ?

GF : La rénovation permettra de passer d’une étiquette énergétique G à une étiquette C, transformant ainsi un bâtiment énergivore en une infrastructure beaucoup plus efficiente. Concernant les économies financières, il est encore tôt pour les chiffrer avec précision, mais je peux déjà dire que les frais annuels de l’énergie, sont très élevés et seront divisés par deux avec la pompe à chaleur.

Comment les personnes à mobilité réduite accéderont-elles à la salle ?

GF : Une rampe extérieure permettra d’atteindre le niveau de la salle, et un ascenseur sera installé pour accéder aux toilettes situées à l’étage inférieur, conformément à la Loi sur l’égalité pour les handicapés (LHand).

Êtes-vous confiant quant au respect du calendrier ?

GF : Le secteur de la construction comporte toujours des incertitudes, mais oui, la Municipalité est optimiste quant au bon déroulement des travaux. Pour l’instant, le personnel de la voirie se charge de vider les lieux, et les entreprises du gros œuvre débuteront le 3 mars. La fin des travaux est prévue pour la rentrée d’août. Nous dépendons aussi des besoins de la garderie, qui déménagera temporairement dans des locaux d’un bâtiment voisin pendant les rénovations. Une fois les travaux terminés, la garderie réintégrera ses locaux de la grande salle, tout en s’agrandissant dans ses locaux du bâtiment voisin.

Qu’en est-il des entreprises en charge des travaux ?

GF : La municipalité n’a pas souhaité travailler avec des entreprises générales actives au niveau national pour ce projet, et a priorisé les entreprises locales et régionales.

Avec ces rénovations, la grande salle de Carrouge s’apprête à écrire un nouveau chapitre de son histoire. Plus fonctionnelle, accessible et durable, elle continuera de jouer un rôle central dans la vie sociale et culturelle du Jorat. Pour Grégoire Favre, une chose est sûre : les demandes de location devraient non seulement se maintenir, mais probablement s’accroître.