Vélotrial – Jean-Daniel Savary n’a toujours pas posé le pied à terre
Remise des Mérites sportifs vaudois
Elu dirigeant de l’année, l’agriculteur de Ropraz continue sans relâche de mettre le Vélo Trial dans la lumière.
Gérard Bucher | Appelé sur scène, prié de livrer ses sentiments sur son parcours d’entraîneur au long cours, Jean-Daniel Savary (69 ans) a rapidement conquis le nombreux public qui s’était massé à la salle Del Castillo à Vevey. « Ce prix représente évidemment une grande joie pour moi, a-t-il commenté la larme à l’œil. Une reconnaissance en premier lieu pour tout le travail accompli durant 50 ans. J’en profite pour remercier toutes les personnes qui m’ont fait confiance et m’ont soutenu. A commencer par mon épouse, qui m’a laissé du temps pour les entraînements, les participations aux compétitions, les camps et autres formations que j’ai suivies. Je n’oublie pas les sponsors, qui sont demeurés fidèles tout au long de ces années ».
Jean-Daniel Savary s’est ensuite expliqué sur les motivations qui le guident. « J’avais une devise quand j’avais 18 ou 20 ans : le possible a été fait, l’impossible se fera. Avec ça, on réalise beaucoup de choses. Entraîner des jeunes est une motivation incroyable pour moi. Ils veulent apprendre. Le rôle de l’entraîneur, c’est de se mettre entièrement à leur service ».
Dire que Jean-Daniel Savary est tombé dans la marmite très tôt est un euphémisme. A peine âgé de 18 ans, il s’est aussitôt consacré à la transmission de ses savoirs. Qui plus est dans le cadre de plusieurs disciplines. La gymnastique artistique, celle aux agrès, l’athlétisme et le vélo trial ont été ses principaux chevaux de bataille. Plus entraîneur que dirigeant (peut-être faudrait-il deux prix distincts ?), Jean-Daniel Savary est titulaire d’un nombre impressionnant de diplômes Jeunesse et Sport (JS), y compris en qualité de moniteur de ski. Cerise sur le gâteau, il a obtenu le brevet fédéral de performance en 2011 pour pouvoir entraîner l’équipe nationale de Vélo Trial, poste qu’il a occupé l’espace de 9 ans. Deux places de vice-champion du monde par équipe, obtenus à Andorre et en Chine, ont été décrochées pendant son mandat, ce qui n’avait jamais été réalisé auparavant.
Si Jean-Daniel Savary s’est lancé à corps perdu dans le Vélo Trial, c’est un peu par hasard. Il a suffi que son fils, François, s’intéresse à cette discipline, en 1999, pour qu’il saute le pas. « A cette époque, j’avoue que j’avais presque envie de tout arrêter. Finalement, je me suis renseigné sur ce sport, et tout est reparti ». Il est comme ça Jean-Daniel Savary. Rien ne lui fait peur. Toujours est-il que son fils a été sacré champion de Suisse six ans plus tard. Une preuve de plus que la méthode Savary fonctionne.
Sa ferme de Ropraz constitue un lieu privilégié pour les entraînements qu’il donne à tour de bras. Deux terrains, en extérieur et à l’intérieur, sont consacrés au Vélo Trial. Le moindre objet qu’il croise est susceptible d’être utilisé comme obstacle. Jean-Daniel Savary va même jusqu’à se rendre chez ses ouailles pour leur fabriquer un parcours personnalisé dans leur jardin. Son imagination est sans borne. Il lui est arrivé d’organiser une compétition basée sur le thème des instruments de musique. Des pianos, des accordéons et des batteries avaient notamment été avalés par ces VTTistes de l’extrême. La règle de base est toujours la même : franchir des obstacles naturels ou artificiels sans poser le pied à terre, sous peine de pénalités. Ces derniers sont généralement situés dans des zones qu’il s’agit de boucler en deux minutes.
Jean-Daniel Savary a beau avoir remis son exploitation à son fils, il se lève toujours à 5 heures et demie pour lui donner un coup de main. Une trentaine de vaches l’attend de sabot ferme. Le même nombre d’élèves suit ses entraînements. « Il faut se montrer doux, aussi bien avec les animaux qu’avec les humains, explique-t-il volontiers. Savoir leur parler et toujours être à leur écoute ». La comparaison s’arrête aux portes de l’étable.
Jean-Daniel Savary ne se lasse pas d’enseigner le Vélo Trial aux plus jeunes. « J’aime les voir progresser. C’est toujours un émerveillement pour moi. Le plus important, c’est d’essayer de comprendre pour quelles raisons tel ou tel ne parvient pas à faire un exercice donné. Cela dit, je vois tout de suite si un élève a plus de facilités qu’un autre. Le mental est très important en Vélo Trial. Les élèves tombent souvent. Certains sont vite découragés, ou vont jusqu’à pleurer. D’autres, malgré des chutes répétées, demandent à remonter tout de suite en selle, sans exprimer le moindre signe de frustration. J’adore assister à ça ».
S’il rêve d’organiser un championnat du monde élite en Suisse, Jean-Daniel Savary a toutefois deux regrets : celui de ne pas avoir (encore) convaincu l’UCI de mettre en place un terrain dédié exclusivement au Vélo Trial à Aigle, et bien entendu que sa discipline ne soit pas inscrite au Jeux .
Palmarès 2023 des Mérites sportifs vaudois
Sportive : Zoé Claessens (BMX Racing)
Sportif : Adrien Briffod (triathlon)
Espoir : Caroline Ulrich (ski alpinisme)
Equipe : Riviera Basket Adapté
Dirigeant : Jean-Daniel Savary (entraîneur du Vélo Trial Broye Jorat)
Club : FC Epalinges
Le vote du public (40 %) ainsi que celui de neuf journalistes de sport (60 %) ont permis de déterminer les gagnantes et gagnants des catégories sportive, sportif et espoir parmi trois candidats en lice. Les vainqueurs des trois autres catégories ont été désignés par le jury des Mérites sportifs vaudois. La période du 1er septembre 2022 au 31 août 2023 faisait foi.