Pénurie de logements locatifs : Comment interpréter les chiffres ?
L’Union suisse des professionnels de l’immobilier Vaud (USPI Vaud) invite à relativiser les chiffres officiels publiés mi-juillet. Mais alors, pourquoi sont-ils à prendre avec des pincettes ? Explications.

Ce n’est un secret pour personne, le nombre de logements disponibles n’a fait que de baisser ces dernières années. Le premier semestre 2023 n’échappe pas à cette tendance, puisque ce sont moins de 1 % (0.98 %) de logements locatifs qui sont vacants actuellement, contre 1.11 % à la même période l’an passé. Cette analyse publiée par Statistique Vaud démontre une pénurie jugée « alarmante ». Cependant, ces résultats divergent selon les régions. C’est du moins le constat de l’USPI Vaud : « Lors de notre propre enquête, nous observons une légère diminution au niveau cantonal, avec des situations différentes au niveau des districts où cinq d’entre eux sont hors pénurie de logements ».
Dans cette analyse parallèle, les districts d’Aigle, celui de la Broye-Vully, du Gros-de-Vaud, du Nord Vaudois et celui de la Riviera-Pays d’Enhaut ne sont pas concernés par la pauvreté des logements locatifs disponibles, alors que Statistique Vaud indique que seule la région d’Aigle est hors pénurie : « Notre enquête repose sur près de la moitié du parc mis en location dans le canton. Notamment, avec un échenillage de 110’304 logements locatifs répartis sur tout le territoire cantonal », souligne Louis Martin, président de l’USPI Vaud. « Le sondage compte 1’266 logements vacants sur le marché locatif. A relever que le nombre total de logements, dans le canton, s’élève à plus de 400’000 ».
Il n’est pas possible d’avoir le plein emploi,
Frédéric Dovat,
des loyers bas et personne sur l’autoroute
secrétaire général USPI Vaud
Pour qu’un district soit hors pénurie, le taux de logements vacants doit être supérieur à 1.5 %. Un pourcentage qui implique un changement de protocole pour les bailleurs, car ces derniers ne sont pas tenus de suivre les formalités d’usage en cas de conclusion d’un nouveau bail : « Cette
formule officielle rappelle au locataire la possibilité de contester le loyer », écrit Julie Müller dans la revue immobilier.ch.
« Au niveau du droit public, avec la fameuse loi LPPPL, si le taux de vacance est supérieur à 1,5 %, le propriétaire qui effectue des travaux de rénovation n’a plus besoin de demander l’autorisation du service du logement, et le loyer n’est plus contrôlé pendant plusieurs années », poursuit la journaliste.
Lavaux-Oron dans le détail
Malgré la situation de pénurie dans le district Lavaux-Oron, l’enquête de l’USPI Vaud démontre une légère amélioration (voir tableau). Pour son secrétaire général, il n’est pas possible d’anticiper les années à venir : « Il faut agir sur l’offre de logements si l’on veut lutter contre la pénurie de logements. L’offre peine à suivre dans le canton en raison de la lenteur des procédures administratives, du manque de main-d’œuvre et de matière première », détaille Frédéric Dovat.
Autre phénomène impactant la pénurie de logements, les refus de la population envers des projets de constructions : « Nous observons toujours plus ce type de mouvements sociétaux. Si certaines initiatives populaires arrivent même à bloquer des projets de constructions, je pense que la pénurie va s’accentuer. Nous ne pouvons pas tout avoir. Car il n’est pas possible d’avoir, d’un côté, le plein emploi, des loyers bas et, de l’autre, aucune
nouvelle construction et personne sur l’autoroute », image le secrétaire général.
