Simuler l’impact d’un astéroïde… à Forel
Quelles seraient, par exemple, les conséquences de l’impact d’un astéroïde sur notre région ? L’informaticien et développeur américain Neil Agarwhal, doctorant en informatique à l’Université de Princeton, a créé au début de cette année un simulateur en ligne, baptisé « Asteroid Launcher » (lanceur d’astéroïdes), permettant d’évaluer avec une grande précision les conséquences de l’impact d’un astéroïde sur la terre. Nous l’avons essayé !

En se basant sur les données scientifiques les plus récentes, cet outil, disponible gratuitement en ligne, permet de choisir la taille, la masse, la vitesse, l’angle d’entrée dans l’atmosphère, ainsi que la localisation de l’impact, afin d’en mesurer les dégâts et d’évaluer les pertes en vies humaines.
Selon les scientifiques qui l’ont testé, au-delà de son aspect ludique, ce petit simulateur présente l’avantage de sensibiliser le grand public aux conséquences catastrophiques d’une telle collision, afin de prouver l’utilité de la surveillance du ciel, ainsi que la pertinence des missions spatiales visant à prévenir une telle catastrophe. Le 26 septembre dernier, par exemple, la sonde spatiale DART (Double Asteroid Redirection Test) de la NASA, lancée à la vitesse de 23’700 km/h, a percuté la surface du petit astéroïde Dimorphos, pour tester la capacité d’un impacteur à dévier un astéroïde menaçant de sa trajectoire.
A l’aide du simulateur, nous avons mesuré les conséquences de la chute d’un astéroïde métallique (composé de nickel et de fer) de 500m de diamètre dans la zone industrielle de Forel-Lavaux, là où se situe la rédaction de votre Journal. Nous avons choisi un angle d’impact de 45°, ainsi qu’une vitesse de 17 km/s. A titre de comparaison, l’astéroïde qui aurait provoqué la disparition des dinosaures, ainsi que celle de 75 % de toutes les formes de vie terrestre, il y a 66 millions d’années, mesurait quelque 12km de diamètre. Il a formé un cratère de 180km de diamètre, aujourd’hui immergé au large de la ville portuaire de Chicxulub, dans la péninsule du Yucatan, au Mexique.
Selon le simulateur, la puissance libérée par la chute de « notre » astéroïde sur le bâtiment qui nous abrite équivaudrait à 12 gigatonnes de TNT (la puissance de la bombe A qui détruisit Hiroshima était de 13 kilotonnes). Sa collision avec la terre creuserait un cratère de 425m de profondeur et de 3,4km de diamètre, alors que sol serait retourné dans un rayon de quelque 17km autour du point d’impact. Plus d’un million d’habitants de la région succomberaient à l’onde de choc, à la boule de feu ou aux vents apocalyptiques provoqués par la collision. Dans un rayon de 62km autour du point d’impact, les vêtements des habitants se consumeraient en moins d’une seconde, provoquant des brûlures au 3e ou au 2e degré à près de deux millions et demi d’individus. Les arbres bruleraient dans un rayon de 130km. Les bâtiments les plus solides seraient détruits dans un rayon de 100km, les moins résistants dans un rayon de 135km.
Mais inutile de paniquer, une collision de ce type n’arrive statistiquement que tous les 166’000 ans !
Le simulateur est accessible à l’adresse www.neal.fun/asteroid-launcher


