Oui… et non
L’art de l’ellipse, ou comment tourner autour du pot sans y goûter. Un procédé rhétorique qui est aussi largement utilisé que le conditionnel ou la langue de bois lorsqu’il s’agit de sujets épineux.
Nous connaissons tous la géométrie de l’ellipse. A la base, il y a le cercle qui tourne à égale distance autour de son centre. Si on l’aplatit on obtient l’ellipse. Nous pouvons aussi changer de perspective, le cercle reste parfaitement rond mais apparaît elliptique au regard de l’observateur. Le résultat est ce voyage qui s’approche, puis s’éloigne de son centre sans jamais le toucher.
Au niveau planétaire, le résultat est la succession des saisons. Cette alternance rime avec bonheur, celui de voir enfin la saison de ski débuter, puis l’élongation des journées et son parfum floral, s’ensuivent les journées ensoleillées et leurs longues soirées estivales, puis les couleurs chatoyantes qui nous transforment en photographes émérites sur les réseaux.
Il y a une autre façon de lire l’ellipse. C’est entre les lignes que nous la trouvons, dans le choix du vocabulaire, de la syntaxe, des propos choisis et surtout… omis. La poésie fait un usage varié de ce procédé en violentant notre compréhension au travers de raccourcis qui pourtant évoquent bien un sujet très concret. Le sujet n’est pas brutalement et efficacement proposé, car il ne s’agit pas de communication mais d’émotion. Ces textes ne sont pas offerts, leurs sens, souvent multiples, sont subtilement suggérés… souvent sur des sujets qui questionnent l’époque, les mœurs ou la politique.
Dans le monde des médias, le conditionnel et la langue de bois sont chose courante et proposent le jeu de l’interprétation, des commentaires et du buzz ; plus la porte est ouverte à l’interprétation et plus les commentaires font flores. L’ellipse quant à elle reste discrète, elle joue un jeu tordu, celui du « comprend qui peut », à côté duquel on passe souvent le sourire aux lèvres… parfois c’est « oui… et non ».