A la rencontre des gens d’ici :
Raphaël à Puidoux
« J’avais 8 ans lorsque j’ai failli me noyer. C’était à Montreux. Ma maman avait le dos tourné, pour acheter des glaces. Moi, j’ai vu des poissons dans l’eau et je me suis penché pour en attraper un et je suis tombé. Je me souviens encore de la couleur verte de l’eau et de cette main qui m’a empoigné pour me sortir. C’était celle d’un passant qui avait assisté à ma chute. Ma mère a eu la peur de sa vie. Malgré ses réticences, j’ai très vite voulu apprendre à nager. A 10 ans, j’ai eu mon premier cours de natation. Dans l’eau, je suis vraiment dans mon élément ».
Trente-quatre ans après cette péripétie aquatique qui aurait pu se révéler traumatisante, le petit garçon, sauvé des eaux du lac, à Montreux, peut se flatter de nager aussi bien qu’un leste dauphin. De plus, ce discret habitant de Puidoux, commune où il vit depuis une douzaine d’années, aujourd’hui avec son épouse et son enfant de 18 mois, a pris sa revanche sur l’élément qui a failli lui prendre la vie en se hissant au rang de sauveteur; l’un des plus titrés de la Riviera, d’ailleurs.
« Ma famille avait des vignes. Du coup, J’ai commencé ma vie professionnelle comme caviste. Mais j’ai très vite abandonné le vin pour l’eau », explique-t-il, avec un sourire amusé. « J’ai décroché mon brevet de sauvetage en 1996, lorsque j’avais 16 ans. Huit ans plus tard, j’ai passé l’examen professionnel de spécialiste des établissements de bains. Ensuite, j’ai obtenu mon brevet d’instructeur suisse de natation, puis un brevet fédéral. Finalement, en 2017, j’ai gagné le prix du Nageur sauveteur suisse de l’année. J’étais le premier à recevoir ce titre en Suisse romande », précise-t-il avec une pointe de fierté qui contraste avec sa modestie.
Aujourd’hui, Raphael se partage entre son activité de professeur de natation dans un établissement scolaire de Saint-Légier où il est également employé comme concierge et chauffeur; les formations qu’il dispense en piscine pour l’association Swimsports, le centre de compétence suisse pour la natation et le fitness aquatique, et les camps de formation aux premiers secours organisés par la Société suisse des Troupes sanitaires (SSTS).
Notre sauveteur reconnaît qu’il n’a jamais eu à réanimer quelqu’un, à ce jour. Mais il a été confronté à des situations d’urgence, comme sortir de l’eau un nageur victime d’une crise d’épilepsie ou secourir un autre, pris d’un gros malaise pour avoir plongé après un copieux repas. « Ça n’a vraiment rien de romantique… Rien à voir avec les séries télévisées sur les sauveteurs des plages californiennes qui font du bouche à bouche à des jolies filles (rires) », souligne-t-il.
En dépit de ces épisodes difficiles, Raphaël se dit heureux de pouvoir faire ce qui lui plait, car comme il aime à le clamer : « L’eau, j’ai ça dans le sang ! »
Informations : www.kintsugido.ch