Lutry – Quiproquo autour du tilleul protégé de Corsy
Aménagement du territoire
Deux semaines avant la protection par le canton de l’arbre centenaire, la commune délivre le permis de construire et met à l’enquête l’abattage du tilleul. La Municipalité se défend en disant avoir appliqué le protocole en vigueur.

La fin d’année dernière est synonyme de cataclysme pour les défenseurs du feuillu. Les opposants à la construction d’une villa mitoyenne de deux logements situés sur la parcelle du tilleul n’en reviennent toujours pas : « A seulement 10 jours de Noël et des vacances, la commune délivre son permis de construire et d’abattage », mentionne rouge sur noir le site de l’association Les amis de Corsy. Constituée essentiellement d’habitants du hameau de Corsy, l’association se bat depuis 2021 pour éviter que ce projet immobilier voie le jour.
À seulement 10 jours de Noël et des vacances, la commune délivre son permis de construire et d’abattage.
Les amis de Corsy
En novembre dernier, l’association de riverains se réjouit de voir la Direction générale de l’environnement (DGE) se rendre sur les lieux pour examiner la situation. L’autorité cantonale annonce alors à la commune et au groupement de protestataires que le tilleul sera protégé par la nouvelle loi sur la protection du patrimoine naturel et paysager (LPrPnp) dès le 1er janvier 2023. Cependant, c’est l’ascenseur émotionnel pour les opposants, puisqu’ils reçoivent tous un courrier recommandé de la commune à la mi-décembre stipulant que le permis de construire est délivré à la régie Immosol, propriétaire de la parcelle. Concernant l’autorisation d’abattre le tilleul considéré comme Remarquable par le DGE, mais pas encore classé, une nouvelle mise à l’enquête est ouverte jusqu’au jeudi 12 janvier 2023.
Importantes oppositions
« Notre association a lancé une campagne d’information pour collecter des oppositions à cette décision arbitraire au vu de la nouvelle législation LPrPNP », informe Marinette Wannaz, membre des Amis de Corsy. « Une action qui suscite un lot d’oppositions impressionnant. En dix jours, ce sont cent dossiers qui ont été récoltés ». Au titre des institutions de protection de la nature, Pro Natura, Helvetia Nostra et Anarpa Swiss Foundation se sont engagées dans la course, en déposant toutes trois leur dossier d’opposition.
Aucun élément ne nous autorise à faire traîner cette affaire. Si nous l’avions fait, le promoteur aurait pu nous porter en justice pour non-respect du protocole.
Charles Monod, Syndic de lutry
Pour la commune, cette mise à l’enquête ne diffère pas du protocole habituel : « Ce dossier a débuté à la fin 2021, nous devons donc appliquer la législation en vigueur et avancer dans la délivrance des permis de construire. Aucun élément ne nous autorise à faire traîner cette affaire. Si nous l’avions fait, le promoteur aurait pu nous porter en justice pour non-respect du protocole », détaille le syndic de Lutry, Charles Monod, avant d’ajouter que la Municipalité n’a pas d’autre choix que de mettre à l’enquête : « Nous ne pouvons pas juger les pratiques du promoteur ou des opposants, que le tilleul soit abattu ou qu’il trône encore des années sur cette parcelle ne nous concerne pas. C’est le cas pour tous les dossiers de mise à l’enquête », rappelle l’homme politique.
Racheter la parcelle pour sauver le tilleul
Prête à en découdre, l’association Les Amis de Corsy a trouvé un compromis afin de créer un parc didactique et éviter la présence des tronçonneuses sur la parcelle : « La régie Immosol est ouverte à l’acquisition de son terrain par l’association », nous expliquait Marinette Wannaz, membre des Amis de Corsy, en novembre dernier. Pour atteindre les 677’000 francs nécessaires à ce rachat, le groupement de riverains a mis sur pied une recherche de fonds ainsi qu’une vente des œuvres du peintre : « L’exposition Corsy fête Walter Mafli a été un grand succès ».
Pour l’heure, la régie Immosol ne s’est pas exprimée sur ce dossier sensible. Quoi qu’il en soit, le traitement des 288 oppositions reçues demandera un certain temps.