Ça caille
Ce lundi 12 décembre, la candidate déçue au Conseil fédéral Eva Herzog (PS/BS) a tout de même eu sa petite réussite au Conseil des Etats grâce à l’acceptation de sa motion. Cette motion vise à limiter les risques face aux géants de l’électricité considérés comme « too big to fail » en imposant une règlementation similaire à celle imposée aux banques après la crise de 2007-2008. Cette solution doit fixer un cadre à ces entreprises d’importance systémique et rappeler à leur souvenir leur devoir de service public. Elle devrait être remplacée par une loi pérenne dès 2026.
En cause dans ces débats, l’opacité de la comptabilité de ces sociétés qui ne garantit rien, mais permet tout.
Ainsi, sans même le début d’une pénurie, le coût de l’électricité est déjà valorisé sur la base d’une spéculation : le manque d’énergie. Or, les marchés connaissent la règle, ce qui est rare est cher, d’où l’augmentation que la population a déjà reçue et doit acquitter prestement. Pourtant, les coûts de production n’ont pas (encore) bougé…
L’autre point qui chatouille porte sur les aides destinées au sauvetage de ces entreprises. Les risques que font courir ces entreprises à l’économie suisse doivent être limités et l’Etat ne doit pas être poussé à intervenir.
Le scénario pourrait être le suivant. En cas de pénurie réelle – mais après avoir « comptabilisé » les augmentations mentionnées – l’Etat providence pourvoirait. Il l’a déjà fait pour UBS et Swiss par le passé, elle l’a fait encore récemment sous forme d’un prêt de 4 mia accordé en temps record à Alpiq. La Confédération commencerait peut-être à trouver le procédé un peu saumâtre ?
L’opacité de la comptabilité de ces géants de l’électricité, leur défense de la liberté d’entreprendre, leur hostilité envers des lois contraignantes n’ont d’égale, paradoxalement, que leur amour de l’Etat providence.
Le scénario est bien ficelé, mais il fait froid dans le dos. On se prendrait presque à rêver du gel… des prix.