C’est à lire – Chez le véto. Histoire d’hommes et d’animaux
Béatrice Guelpa / Editions Favre
Monique Misiego | Je ne sais pas si vous êtes comme moi, j’aime bien me poser à un endroit et regarder les gens passer. Il y a toutes sortes de gens avec leur passé, certains courent vers leur avenir, tous ont une histoire, un sac à porter plus ou moins lourd. C’est la même chose quand vous allez chez le médecin. Ça m’arrive souvent d’entamer la discussion avec mes voisins dans la salle d’attente. Ce sont souvent des échanges riches bien qu’éphémères. Alors imaginez chez le vétérinaire. C’est un peu différent, comme les parents que vous pouvez croiser chez le pédiatre ou aux urgences. Je trouve que nous sommes plus angoissés chez le vétérinaire, parce que nous maîtrisons moins, parce que nos animaux nous semblent peut-être plus vulnérables, et il faut bien l’avouer, parce que nous ne connaissons pas le montant de la « douloureuse ». Il y a ceux qui sont assez calmes, et ceux qui sont en panique, parce qu’ils amènent la prunelle de leurs yeux, leur « bébé » comme ils disent. L’animal prend souvent la place des enfants qui ne viennent plus chez certaines personnes, ou comblent un vide devenu insupportable, qu’on appelle la solitude. Toute personne a une histoire, un bagage, un attachement différent pour son animal de compagnie. C’est d’ailleurs ce qui pousse certains à dépenser des fortunes pour sauver leur animal. Où est la limite ? Au portemonnaie ou
à l’attachement que l’on a pour son chien ou son chat ? Faut-il tout faire pour le sauver ou au contraire le laisser partir ? Nous nous abstiendrons de juger… Dans ce livre, l’auteure nous propose un voyage immobile dans la salle d’attente d’un cabinet vétérinaire. C’est le monde animal et comment en prendre soin qui nous est expliqué. Ce livre parle des histoires de bobos, d’angoisses en attendant un diagnostic, ou de chagrin, lorsqu’un compagnon de route s’en va. Mais aussi des récits drôles, tendres, de petits soucis à résoudre, de naissance, de guérison ou de gratitude. Coup de foudre au refuge, coup de sang contre les expérimentations animales, coup de gueule pour raconter la maltraitance ou la négligence de la part de certains maîtres, coup de cœur pour évoquer les belles histoires d’animaux résilients ou les miracles opérés dans le quotidien des familles par des animaux doux et bienveillants : toutes les histoires de ce recueil nous parlent de notre rapport aux bêtes, de notre envie d’affection, de leur besoin d’attention, nos attentes, sources parfois d’incompréhension, nos projections et révélations réciproques. Journaliste à Genève, Béatrice Guelpa a été correspondante à Moscou et à Hong Kong, et a effectué des reportages pour de nombreux journaux suisses. En 2000, elle a reçu le prix Jean-Dumur, la plus prestigieuse des récompenses journalistiques en Suisse romande, saluant les professionnels. Elle travaille également pour la télévision et le cinéma, notamment dans la réalisation de documentaires. On retrouve dans ses chroniques pour « Le Matin Dimanche », cette fibre sensible faite d’empathie, de volonté de comprendre et d’un goût prononcé pour la rencontre. De très bons moments !