Aux Jeux paralympiques de Rio
Tellement poignant… et quel exemple !
Pierre Scheidegger Panathlon-Club Lausanne | Oui, quel exemple pour tout un chacun, surtout pour le sportif d’élite, mais pas seulement! Sportif adulé. Sportif dans sa bulle… pour reprendre l’expression en «boucle» des reporters sportifs de certains médias. Sportifs «fonctionnaires» et hommes sandwiches des multinationales que sont devenus les fédérations, les sponsors… tout simplement le monde du sport.
Oui ! un superbe exemple
Un exemple de fierté, un exemple de beauté dans le regard mais aussi cette volonté de vouloir sortir de sa solitude d’invalide. Petite, menue, habillée de blanc, elle avançait telle une madone comme peut l’être une femme brésilienne. De la main droite, une canne l’aidant à marcher avec bonheur. Certainement une grande championne de son pays. Son sourire?… le remerciement de l’honneur qu’on lui offrait. De la main gauche, elle portait haut la dernière torche olympique. On était au final de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques de Rio.
L’exemple pour chacun
Ce fut bref, une image d’une violence tellement poignante: elle glissa sur le sol humide, tomba, la torche au sol à un mètre de sa main, restant allumée. Son regard? Son premier geste? Se relever mais avant… reprendre la torche. Seule avec sa difficulté, je vois toujours ce geste de vraie championne. C’était tout simplement beau… tout un symbole! Avec l’aide de deux officiels qu’elle accepta, elle reprit sa marche avec bonheur. Il m’a semblé qu’elle portait sa torche un peu plus haut. Volonté d’un langage que le sportif valide oublie trop souvent, soit la joie, le plaisir et, tout simplement, le partage.
Les JO sont morts… vive les Jeux!
Le sport n’est-il devenu qu’une forme de plagiat de la télé-réalité, tout en oubliant cette superbe culture éducative que devrait rester… le Sport? C’est une question. Alors essayons justement d’être réalistes. Oui! le sportif s’entraîne, s’oblige à des règles d’existence souvent hors normes mais cultive-
t-il encore une certaine satisfaction? C’est une deuxième question! Que désire personnellement le sportif ? S’il le peut encore ? Si on le lui autorise.
Revenons un peu sur les Jeux olympiques de Rio
J’ai un peu l’impression qu’on était à la course à l’émotion avant le résultat sportif! Mais quelle émotion? Puisque aujourd’hui, il paraît que l’athlète est programmé comme un ordinateur pour gagner… la médaille d’or! On programme le sourire! On programme les larmes! On n’a jamais vu autant de sportifs en larmes, eh oui… que de tristesse! On programme le nationalisme, le drapeau! On programme les sponsors, les médailles, les diplômes! Bref tout.
Une idéologie ou science «moderne» de la compétition ? Mais où se trouve le sportif ? la sportive? N’est-ce pas de plus en plus la vitrine de certains «reporters sportifs» qui s’en font leur propre gloire? C’est un peu la rumeur et il n’y a pas de fumée sans feu… paraît-il!
On peut respecter l’évolution de la société. On peut respecter l’évolution du sport, de ses techniques nouvelles, mais doit-on vraiment utiliser le sportif comme panneau publicitaire ou mannequin de mode par la seule raison de ses résultats sportifs? Peut-on accepter sans réactions le transfert d’un «gamin» pour 120 millions d’euros sans s’étonner ou réagir?
Alors ?… O Sport !… Quo Vadis ?
Faisons un peu de science-fiction, juste un peu… pas trop repoussée dans le temps! Les Jeux olympiques en 2056. Oh! ce n’est pas si éloigné justement… seulement dix Jeux olympiques et l’avènement des premiers jeux entièrement robotisés, informatisés, métallisés, où l’on dirigera l’émotion du spectateur par grands écrans en faisant fi du sport mais seulement à la gloire de la technique dite évolutive! Figurons-nous cet avantage des plus évolutifs. On va supprimer le vocable devenu indigne: elle n’a fait «que» deuxième. Il n’a pas été à la hauteur avec sa médaille de bronze. Il a fait tout faux. On supprimera les médailles et il n’y aura «plus» que du spectacle désiré par les spectateurs qui auront choisi leur vainqueur sur tablette fixe devant leur siège. Le dopage? On oublie! Les humanoïdes n’en auront cure. Bref, arrêtons de rêver, même si l’on se trouve à la limite du cauchemar en laissant le sport actuel continuer à se détruire au profit de situations vénales et d’intérêts mercantiles.
Longtemps…
Petite, menue, habillée de blanc, elle avançait telle une madone comme peut l’être une femme brésilienne. Oui, longtemps je garderai l’image de la beauté que peut représenter le sport par cette fierté et le regard de cette championne de sport-handicap qui porta haut cette flamme qui ne devrait jamais s’éteindre.
Alors, je cultiverai l’espérance que ma petite-fille de 13 ans, qui a choisi l’athlétisme comme sport de prédilection, puisse un jour avoir ce même regard sur sa discipline, sur le sport qu’elle apprendra à aimer, à respecter.