Les dimanches tels qu’ils sont… aujourd’hui
Gérard Bourquenoud | Les années filent et personne ne peut les retenir ni les ralentir. Elles s’envolent vers un horizon lointain, sans jamais revenir. Votre mémoire fait défaut, donc elle certifie que vous avez votre âge et vous ne pourrez rien changer. C’est le destin de tout être humain. Malgré les ans, les dimanches, eux, continuent de s’épuiser en des rituels presque traditionnels: messe, culte, pétanque ou promenade à vélo, excursion à pied dans la nature, des repas familiaux, la télé et j’en passe.
Le dimanche, septième jour de la semaine, est depuis des siècles le jour du Seigneur, donc jour de repos. Le jour où, par acquit de conscience, on va faire une visite de courtoisie, un bouquet de fleurs dans la main, à la grand-maman qui coule une retraite paisible dans un home, ou encore un proche dans un hôpital.
Le dimanche avait, à une certaine époque, mauvaise presse. Il était donc nécessaire de créer quelque chose, un divertissement, une occupation quelconque, un loisir dans le bricolage. Il fallait sortir le dimanche de sa dépression. En un mot, le relooker. On disait fréquemment que le dimanche était le jour des vieux. Et finalement, il est devenu le plus apprécié de la semaine. Jeunes et moins jeunes l’attendent avec impatience. A l’heure actuelle, le septième jour de la semaine doit être rentabilisé. La messe et le culte sont remplacés par des séances de philosophie, du sport, de la détente, du camping, des excursions en montagne et sur les lacs. Et même par le travail, pour une catégorie de gens qui estime qu’elle n’a pas suffisamment gagné durant la semaine, ou encore les tenanciers de bistrots qui ont l’obligation de laisser leur établissement public ouvert le dimanche.
Que dire du déjeuner dominical avec une entrée maison, un menu de résistance, un dessert, le café et ses friandises. On pique-nique de moins en moins à l’extérieur, mais chez soi. C’est une nouvelle formule pour ceux qui sont rentrés tard ou qui ont de la peine à sortir du lit. Les repas au cours desquels on reste à table avec les invités tout l’après-midi ont tendance à faire place à un petit menu préparé sur le pouce. Ainsi vous n’avez plus besoin de desserrer la cravate pour ne pas étouffer ou la ceinture pour ne pas exploser. Aujourd’hui, l’homme du dimanche est un hédoniste, un épicurien tranquille. Il s’habille plus modestement en portant des jeans, un pantalon en toile, un pull-over pur laine vierge, des mocassins dans lesquels se glissent des pieds, car le grand luxe du dimanche, c’est d’être nu-pieds.
La pendule égrène les heures, la sieste dominicale prend fin. Chacun pense vaguement au lundi, aux collègues de travail, à son boss ou à son chef avec l’espoir qu’il sera de bonne humeur pour commencer une nouvelle année. Le bonheur est là, à portée de main de chaque Suisse. L’homme du dimanche est devenu en l’espace d’une journée un sage
pour ne pas dire un authentique dominicain, tout particulièrement lorsque Noël et St-Sylvestre tombent en milieu de semaine, ce qui offre deux fois quatre jours de liberté à tout un chacun pour se distraire et prendre le temps de vivre en famille ou en société, de feuilleter jour après jour l’almanach du Messager boiteux pour connaître la météo, ou encore l’horoscope pour être rassuré sur sa santé, son avenir professionnel ou encore sa vie sentimentale.