Régate: c’est dans les vieilles casseroles…
Christian Dick | Il est beaucoup question de ceux dont la mission semble ne consister qu’à détruire, piller, déporter,
persécuter, des biens, des nations, des innocents bien souvent.
Mais intéressons-nous plutôt à ceux qui bâtissent, entretiennent, restaurent, plus précisément à celles et ceux qui, les 23 et 24 juillet derniers, régataient à la 41e Régate des Vieux Bateaux.
En préambule, le championnat de la Tour lançait quatre régates vendredi 22 juillet après-midi et le samedi 23 le matin. Trois ont été retenues. Treize belles unités, des 6.5m, ont concouru. Créole à Cédric Pralong, avec deux victoires, l’emportait logiquement devant Zooloo à Claude Laval et Ondine à Pierre Monachon.
Au briefing des skippers et barreurs, samedi à 13h, le comité de course annonçait, selon les prévisions météo, peu d’airs avec averses avec, dès lors, un parcours raccourci. Comme bien souvent, c’est le contraire qui s’est produit. Un beau vent d’ouest s’est imposé, les pluies sont tombées, comme prévu mais ailleurs, et la régate fut magnifique.
Le temps s’est encore amélioré dimanche, mais les airs étaient moins soutenus.
La liste des résultats confirme l’engagement de 41 voiliers dans le premier groupe et 14 dans celui du «Petit Parcours», les Corsaire et les canots. Aux résultats, on trouve les Corsaire aux trois premières places: Sambuco à Guy Rudaz, Chopine à Léa Küry et Camille et Tom à Marcel Casanova. Dans le premier groupe, celui du «Grand Parcours», Savavite, un prototype de super toucan, l’a emporté malgré une première manche mitigée devant Jehol et Zooloo.
Toutes ces unités sont magnifiques et certaines d’entre elles n’ont pas loin d’un siècle d’existence. Dureront-elles? Non, si ceux que nous évoquions au début de cet article l’emportent. Oui, si l’on admet qu’une civilisation élève l’homme et lui permet d’avancer en maintenant vivant son patrimoine.
Pour la petite histoire, le règlement de course précisait, à l’origine, qu’en cas d’égalité et pour départager les concurrents la victoire revenait au vainqueur de la deuxième manche.
Savavite, à une autre époque, devait donc remporter cette Régate des Vieux Bateaux. Or, son équipage trouva le fameux Titine et son comité et lui proposa une correction du règlement. Le bateau le plus ancien devait l’emporter. Cette proposition fut retenue. Savavite céda de bonne grâce et sur sa propre initiative sa place de vainqueur. Ce geste reste un exemple de fair-play et, pour quelques-uns, un comportement normal, celui de la loyauté, de la construction d’un esprit et, finalement, d’une attitude correspondant à une certaine école, à une certaine époque, au maintien d’un certain patrimoine.
A la Pichette, samedi 6 août, a eu lieu une autre régate, celle des navigateurs du club. A midi, dix voiliers stagnaient sur une ligne sans vent. Tous les vents, toutes les voiles sous toutes les amures ont été éprouvées par la suite, tant les conditions ont alterné sur un joli plan d’eau entre la Pichette, le château de Glérolles et l’entrée de Vevey. Après plus de deux heures de régate, Tom Casanova sur Pas Content l’emportait magistralement devant Solaire à Christian Dick et Kentucky 2 à Roger Jaton.
La Semaine du Soir, déjà présentée, a commencé lundi et finira demain 19 août. Pour mémoire, soixante voiliers ont pris le départ l’an dernier, assurant le spectacle sur l’eau tandis qu’à terre une équipe se démenait pour la satisfaction des amateurs d’abord, des régatiers ensuite.
Mais d’ici là, ami lecteur, trinquons à la voile, qu’elle gonfle et nous amène en paix à destination.