Christiane Bonder | Dans le cadre de l’année Gustave Roud, la correspondance qu’entretint le poète du Jorat avec Philippe Jaccottet et Maurice Chappaz est à l’honneur dans une narration mise en lecture par Guillaume Chenevière. Il est bon de se souvenir que Gustave Roud (1897-1976) et Philippe Jaccottet, né en 1925 à Moudon, sont des poètes de notre région, tandis que Maurice Chappaz (1916-2009) est Valaisan, ce qui n’empêcha pas cet amoureux de la montagne d’être en empathie avec ses deux amis. Pendant plus de quarante ans, les trois poètes se sont lus, vus, encouragés, aimés. L’œuvre de Gustave Roud, – son journal, sa prose, sa poésie – se nourrit des champs et des prés, des diverses forêts qu’il parcourut loin à la ronde à partir de sa maison natale de Carrouge. Marcheur infatigable et solitaire, le poète a toujours cherché dans le paysage et les aspects du ciel l’inspiration et le mot le plus juste accordé aux saisons, au rythme de ses pas: «Mon seul désir, partir, partir, m’enfoncer jusqu’à l’oubli parfait dans la campagne…»
«C’est lui, l’aîné, qui accueille les plus jeunes, Chappaz d’abord, Jaccottet ensuite. Mais progressivement, les rôles s’inversent et la jeunesse vient appuyer la vieillesse dans une course de relais où l’amitié seule triomphe» nous dit Martin Ruess, poète français. Lorsque le doute s’empare de Gustave Roud, l’âge venant, l’admiration indéfectible de Chappaz et Jaccottet le sauve et permet la naissance de ses ultimes chefs-d’œuvre.
«C’est que cette relation constitue non seulement un fait littéraire exceptionnel dans l’histoire des lettres suisses du XXe siècle, mais un fait tout court qui surprend par sa durée et son intensité, sa charge de vie et de signification, sa grandeur et sa beauté, valeurs plus que jamais menacées, fragiles et nécessaires.» Sacrifiant tout à cette toute-puissance de la poésie qui laisse désarmé, trois hommes lui vouèrent leur vie. Philippe Jaccottet, qui vit à Grignan dans la Drôme, a reçu en 2014 la consécration suprême en entrant dans la bibliothèque de la Pléiade.
Ce spectacle sera encore représenté en divers lieux.

«Toute-puissance de la poésie»
Narration par Guillaume
Chenevière, Louis Martinet
(Gustave Roud), Nicolas Rinuy (Maurice Chappaz) et Christian Robert-Charrue (Philippe Jaccottet).

Nuithonie, Fribourg,
3 novembre à 20h
Théâtre de Carouge, Genève, du 10 au 15 novembre
Alliance Française, Berne,
17 novembre à 17h30
Théâtre du Passage, Neuchâtel, 26 novembre
Bibliothèque de Bagnes,
Le Châble, 27 novembre à 19h
Le Terrier, Genève,
du 2 au 6 décembre