Welcome to Israel! But please shut up and go back!
Récit d’un traumatisme…
les beaux moments suivront!
Jamais de ma vie, un voyage ne m’avait autant traumatisé que celui-ci. Je vous dois des explications. Moi et mon amie Marianne avions préparé une expédition pour aller faire des cours de cuisine dans un camp de réfugiés palestiniens à Bethléem. Pour passer de la Jordanie en Israël, c’est tout simple… il faut «juste» franchir un pont, qui s’appelle King Hussein Bridge. Premier point, il faut savoir quand le pont est censé être ouvert, mais sans garantie aucune que les Israéliens ne décident pas sur une saute d’humeur de le fermer. Ensuite, il faut prendre un taxi pour arriver au pont. Puis un bus pour arriver à la frontière… Jusque-là, à part les contrôles sur-sécurisés, les barbelés, les checks de passeport et de bagage du côté jordanien, tout est plus ou moins ok. Juste le paysage de barbelés et les gardes armés peuvent un peu refroidir l’ambiance. Ensuite, vous sortez du bus, pour faire une queue. Il faut poser tous vos bagages pour les passer au détecteur. Là, c’est déjà le chaos parce que tout le monde essaie de passer devant, et les Israéliens ne font rien pour accélérer la manœuvre. Premier gros choc, autour de nous, des jeunes de 20-25 ans paradent avec des armes, comme avec des pistolets à eau… Et jamais un sourire. Je précise juste que je n’ai rien contre les Israéliens en eux-mêmes mais que je hais ce système. Deuxième précision, tous les jeunes doivent faire deux ans de service militaire, hommes et femmes. C’est sans doute dans ce cadre qu’on les met aux frontières. Ils doivent par ailleurs y apprendre, selon mes observations, à ne pas sourire, à être stricts et méchants: «l’ennemi est partout» ou quelque chose du genre. Jamais je n’ai vu des jeunes aussi durs et formatés qu’à ce moment; j’avais envie de pleurer. Ensuite, il y a eu un autre contrôle aux détecteurs: poussettes, vieux, jeunes, tout et tout le monde y passait. Mais contrairement aux dizaines de douanes que j’ai passées, il régnait une ambiance froide, tendue… Ensuite vous arrivez dans une salle d’attente, avec des guichets pour aller chercher votre visa et le tampon. Là cela se corse vraiment. Il faut d’abord faire HYPER attention de ne pas recevoir de tampon dans votre passeport, sans quoi vous êtes bon pour le jeter, les autres pays risquent de ne plus vous accepter. Mais le tampon, c’est dans le cas où tout fonctionne… moi cela n’a pas été le cas. C’est bien connu, je suis une activiste terroriste très méchante et dangereuse… Et on vous prend votre passeport, on vous appelle, on vous embarque pour aller parler face à face avec un pauvre gars qui a votre âge et tente de vous poser des questions composées d’avance. Extraits: «Vous faites quoi? Vous allez faire quoi en Israël, pourquoi, vous connaissez qui, vous êtes de quelle religion, vous connaissez quelqu’un, comment s’appelle votre père, votre grand-père?» Ou mieux: «Comment s’appelle votre mère?» Ma réponse: «Elle est décédée» et le type: «Pourquoi?» Je ne sais pas ce qui m’a retenue de lui dire de demander à Dieu, j’étais choquée. Le tout a duré plus de trois heures. Entre deux, j’ai dû retourner trois fois dans la salle d’attente pour y attendre «10 minutes» qui se transformaient en 20 ou 30 selon l’interrogateur. Et toujours les mêmes questions, à double, triple, quadruple… de quoi vous rendre dingue. Puis soudain, votre petit passeport revient… vous pouvez continuer, vous recevez un petit ticket et pouvez aller récupérer votre valise… Welcome to Israel… but shut up and go back!!!!!!
Pas de photo, je serais morte sinon
Maya