Votations fédérales du 25 septembre
Lettre ouverte à M. Alain Berset, conseiller fédéral
Monsieur le Conseiller fédéral,
Vous luttez contre votre parti sur l’initiative «AVS+10%». C’est trop selon vos déclarations, la Confédération ne peut se permettre cette augmentation, elle risque d’être dans les chiffres rouges dans quelques années! Cependant, l’on constate qu’un couple marié n’arrive pas au minimum vital de 4000 francs tel que préconisé par votre parti, surtout après avoir cotisé toutes les années. Donc, moralité, il suffit de divorcer et de toucher 4600 francs pour un couple vivant dès lors en concubinage. C’est 1000 francs de différence. Cherchez l’erreur!
Lorsque l’on sait que les primes-maladie augmentent chaque année de 5 à 8%, celles de la fin 2016 n’échapperont pas à cette hausse. Mais les rentes AVS stagnent. Pire! Ayant payé avec minutie les impôts et retenues de 18 à 65 ans… on vous «pique» encore des impôts sur cette maigre rente, alors que les retraités devraient profiter pleinement de cette rente et en être totalement exonérés. L’argent versé durant toute notre vie professionnelle ne rapporte pas plus que 1%. Les citoyens suisses pourraient-ils être un peu mieux protégés?
Aujourd’hui, on en doute très fort. Le Conseil fédéral n’hésite pas à débourser, sans broncher, 850 millions de francs pour l’aide aux réfugiés dans notre pays et des milliards pour l’aide humanitaire, ce que je ne conteste pas, mais il serait judicieux de trouver un meilleur équilibre. Les citoyens vous en seraient reconnaissants. Ce n’est que quelques points… car de plus, vu mon âge, j’en subirai les conséquences jusqu’à la fin… Ainsi va la vie!
Je vous présente, Monsieur le Conseiller fédéral, mes salutations les meilleures.
Roland Delacour
M. Alain Berset a transmis cette lettre à l’office compétent en matière d’assurance sociale en le priant de répondre
Comme vous le savez certainement, l’équilibre budgétaire de l’AVS est menacé en raison de l’évolution démographique. Autant l’allongement de l’espérance de vie que l’augmentation du nombre des rentiers par rapport à celui des personnes actives – accentué encore dans les prochaines années par l’arrivée à la retraite des générations du baby-boom – exposera l’assurance-vieillesse et survivants à des problèmes financiers majeurs dans les années à venir. Si aujourd’hui notre AVS se porte encore financièrement bien, elle aura besoin de 7 milliards de francs supplémentaires d’ici à 2030. Avec l’initiative «AVS+», qui prévoit une augmentation générale des rentes de l’AVS de 10%, la facture sera encore alourdie de 4 à 5,5 milliards de francs par an entre 2018 et 2030. Au total, il manquera plus de 12 milliards de francs en 2030. Il est, dès lors, bien plus nécessaire de prévoir des mesures équilibrées afin de ne pas compromettre à terme l’ensemble de notre système de retraite. La Réforme de la prévoyance vieillesse 2020, qui est actuellement débattue au Parlement, a justement comme objectif de maintenir le niveau des prestations tout en assurant l’équilibre financier de l’AVS et de la prévoyance professionnelle. Elle prévoit d’adapter notre système de prévoyance vieillesse pour réaliser des économies tout en proposant certaines compensations notamment en faveur des groupes plus vulnérables.
Or l’initiative «AVS+» par son effet d’arrosoir et son mécanisme manque sa cible. La hausse de 10% des rentes AVS profitera davantage aux personnes les plus aisées. Tandis que les classes des bas revenus qui touchent des prestations complémentaires (environ 140’000 personnes) ne verront pas leurs revenus augmenter, la hausse de leur rente étant compensée par une diminution de leur PC. Leur situation pourrait même être prétéritée puisque le supplément de rente sera imposé, ce qui n’est pas le cas pour les prestations complémentaires. L’amélioration de la prévoyance des bas revenus passe bien plus par des mesures ciblées dans les 1er et 2e piliers, comme le prévoit la Réforme prévoyance vieillesse 2020.
Protection mais… le Parlement dit NON
Le plafonnement des rentes pour couples mariés est aussi un sujet qui fait régulièrement l’objet de discussions au sein du Parlement. Malgré la sympathie qu’il génère, les parlementaires ont systématiquement rejeté les propositions visant à déplafonner les rentes des personnes mariées et ce, essentiellement pour des raisons d’ordre financier. En effet, en cas de déplafonnement, les coûts supplémentaires pour l’assurance sont évalués à deux milliards de francs par année. Par ailleurs, si le plafonnement des rentes de l’AVS représente un désavantage pour les couples mariés par rapport aux concubins dont les rentes ne sont pas limitées, il faut toutefois relever que le mariage – et le partenariat enregistré – sont tout particulièrement protégés dans l’AVS, comme l’a conclu le Conseil fédéral dans le cadre de l’initiative populaire «Pour le couple et la famille – Non à la pénalisation du mariage» qui a été rejetée par le peuple le 28 février 2016.
Aide aux réfugiés
S’agissant des réfugiés, la Suisse n’a jamais manqué, par respect à la solidarité internationale et à sa longue tradition humanitaire, de contribuer à diminuer la détresse dans les régions en crise et d’offrir une protection aux personnes persécutées. Il s’agit de l’un des principes fondamentaux de notre Etat, cette tradition humanitaire et solidaire de la Suisse étant ancrée dans la Constitution. Il faut également relever que les réfugiés participent aussi, à long terme, au capital démographique et économique de notre pays. En outre, même si l’on diminuait les dépenses relatives à l’aide aux réfugiés, cela ne suffirait pas à assurer l’avenir de notre AVS.
Rentes et assurance-maladie
Le Conseil fédéral est cependant conscient que les seules rentes de l’AVS ne suffisent pas toujours à couvrir toutes les augmentations des dépenses d’un ménage qui sont parfois préoccupantes. Les primes de l’assurance-maladie obligatoire notamment sont source d’une grande préoccupation, car elles représentent une charge financière importante pour les personnes à bas revenu et la classe moyenne. Il est clair que la maîtrise des coûts de la santé présente des failles; c’est pourquoi, il est nécessaire de poursuivre les réformes en cours dans ce domaine et de les réaliser le plus rapidement possible, tout en continuant à assurer à l’ensemble de la population l’accès à des soins médicaux complets et d’un haut niveau de qualité.
Conformément au mandat constitutionnel, les rentes de l’AVS doivent couvrir les besoins vitaux dans une mesure appropriée. Toutefois, lorsque le montant de la seule rente de l’AVS est insuffisant pour faire face aux dépenses vitales, les assurés ont la possibilité de recourir aux prestations complémentaires qui ne sauraient être confondues avec des prestations d’assistance, mais qui reviennent de droit aux personnes économiquement moins aisées.
Office fédéral des assurances sociales, Colette Nova, vice-directrice
Opinion
AVS+ un renforcement de nos retraites raisonnable et nécessaire
La situation financière de nombreux retraités et futurs retraités se dégrade. Ceux qui ont un deuxième pilier doivent subir hausses des cotisations, baisses des rentes et incertitudes croissantes. Il y a aussi de nombreux retraités qui n’ont pas de deuxième pilier, ou qui ne disposent que d’un tout petit avoir de prévoyance : petits artisans et paysans, travailleurs précaires, à temps partiel ou qui ont consacré du temps à l’éducation de leurs enfants (souvent les femmes). Ceux-ci ne peuvent compter que sur des rentes AVS dont l’indexation n’a pas suivi l’évolution des salaires et des prix, sans parler des primes d’assurance-maladie. Beaucoup doivent alors demander les prestations complémentaires (PC), une sorte d’aide sociale, malgré une vie entière de travail. Ces situations sont indignes d’un pays riche comme la Suisse et force est de constater que les 1er et 2e piliers ne remplissent plus leur mandat constitutionnel de garantir un niveau de vie décent à la retraite.
L’initiative «AVS+» propose une solution concrète, simple et raisonnable: augmenter toutes les rentes AVS de 10%. Concrètement, cela correspond à une hausse d’environ 200 francs par mois pour les personnes seules et de 350 francs pour la plupart des couples. Pour tous les retraités, ce sera un bol d’air et une amélioration concrète du pouvoir d’achat. Ce sera une meilleure reconnaissance d’une vie entière de travail. Et ce sera une occasion de ne pas avoir à demander les PC, donc de dépendre de la collectivité en épuisant d’abord son épargne personnelle et en mettant sa situation financière à nu pour justifier sa demande.
Outre les retraités et futurs retraités, l’économie profitera de cette hausse du pouvoir d’achat. Quant aux collectivités publiques, elles bénéficieront de la baisse des dépenses sociales et des frais administratifs liés aux PC.
Mais comment financer cette hausse des retraites ? S’il fallait prélever l’ensemble du financement sur les salaires, il ne faudrait augmenter les cotisations que… de 0,4% ! Or, ces dernières n’ont pas bougé depuis plus de 40 ans et elles ont en plus l’avantage de redistribuer les richesses, car les cotisations sont prélevées sur la totalité des revenus, mais les rentes sont plafonnées : un millionnaire paie donc beaucoup de cotisations sans que le niveau de sa rente n’augmente. Mais une légère hausse des cotisations salariales n’est pas la seule piste. Le financement peut passer par exemple par l’affectation de la totalité de l’impôt sur le tabac à l’AVS, sans oublier la réaffectation des montants économisés par les collectivités publiques s’il faut verser moins de PC.
Avant de voter, il faut enfin examiner l’alternative à «AVS+»: la majorité PLR-UDC du Conseil national veut baisser massivement toutes les rentes du deuxième pilier, couper dans les rentes AVS pour veuves et orphelins, augmenter l’âge de la retraite à 67 ans et biffer l’augmentation de 70 francs pour les nouvelles rentes décidée par le Conseil des Etats. Un OUI franc et massif à AVS+ ne permettra donc pas seulement de donner un coup de pouce à tous les retraités et futurs retraités ; il stoppera ce véritable massacre des rentes que la droite impose au forceps ! Je vous recommande donc de voter OUI à l’initiative «AVS+».
Jean Christophe Schwaab, conseiller national PS, Riex (Bourg-en-Lavaux)
Opinion
Pour une économie durable
L’économie verte, sujet sur lequel nous sommes appelés à voter le 25 septembre prochain, est d’une importance capitale pour l’avenir de notre économie, et tout particulièrement pour un secteur aujourd’hui mal-en-point: l’agriculture.
Nous, agriculteurs suisses, produisons aujourd’hui des denrées de qualité, dans le respect de l’environnement. C’est cela que nous demandent nos transformateurs, distributeurs et finalement les consommateurs.
Or il est trop facile d’importer à très bas prix des denrées cultivées à l’autre bout du monde dans des conditions effroyables, et qui viennent mettre à mal tous nos efforts.
A titre d’exemple, l’huile de palme indonésienne, produite bien souvent en détruisant des forêts pluviales à la valeur écologique inestimable, est régulièrement préférée dans l’industrie agro-alimentaire à l’huile de colza ou au beurre indigènes. Résultat: on déboise à tout va à l’autre bout du monde, et on met à genoux notre agriculture.
Avec l’initiative pour une économie verte, ce type d’importation ne serait plus possible, et nos produits locaux de qualité se verraient fortement valorisés. Il s’agit donc d’une chance à ne pas rater pour notre agriculture.
Certaines grandes entreprises n’ont plus de morale ou de scrupules, et pensent juste au profit à court terme, sans se soucier des conséquences de leurs actes. Il est temps de leur mettre des garde-fous. L’initiative pour une économie verte me semble un pas dans la bonne direction.
En tant que père de famille soucieux du monde dans lequel vivront un jour mes enfants et petits-enfants, mais aussi en tant qu’agriculteur préoccupé par l’avenir de notre métier, je voterai et vous encourage de voter OUI à l’initiative pour une économie verte.
Andreas Wüthrich, agriculteur en biodynamie et député, Puidoux