Utilisation intelligente du nucléaire plutôt qu’interdiction aveugle
Jean-François Chappuis, Moudon | En temps qu’écolos de la première heure, nous proposions à la fin des années 1970 de nettoyer les rives des cours d’eau et des étangs. Tout le monde mettait la main à la pâte. J’ai même déposé une motion qui avait abouti pour créer un biotope à la Cerjaulaz à Moudon. L’écologie est l’affaire de tous et non d’une certaine classe politique qui n’en maîtrise pas les contours à l’image des Verts. L’initiative sur laquelle nous nous prononcerons le 27 novembre exige de limiter la durée de vie des centrales à 45 ans, ce qui impliquerait de fermer trois des cinq centrales l’an prochain déjà et les deux dernières en 2024 et 2029. Les Verts argumentent que trois centrales sont déjà à l’arrêt et que nous n’avons aucun problème d’approvisionnement. Certes, mais elles sont en révision par souci de leur bon fonctionnement. Ce qu’ils ne nous disent pas, c’est que l’on doit importer de l’énergie et que ces arrêts soudains impliqueraient une hausse massive de nos importations d’électricité. Il n’y aurait pas d’alternative, car il serait irréaliste de développer à temps d’autres moyens de production en Suisse. Pour exemple, il faudrait 700 éoliennes pour remplacer ces trois réacteurs; actuellement nous en comptons 36 dans notre pays. Quant aux oppositions c’est par milliers qu’il faut les compter !
Charbon allemand ou nucléaire français?
La dépendance énergétique de notre pays augmenterait, l’approvisionnement chez nos voisins n’aurait aucune incidence positive sur le climat comme décrié à tort par les auteurs de l’initiative. Le courant importé proviendrait avant tout des centrales nucléaires françaises et des centrales à charbon allemandes. Pour se donner bonne conscience, nous paierions le centime écologique au Danemark. Un peu de sérieux tout de même: la France produit plus de 75% de son électricité avec le nucléaire et l’Allemagne près de 70% avec ses centrales à charbon, à gaz et nucléaire. Encore un non-sens, c’est l’organisation Greenpeace qui décrit le charbon comme une des pires sources d’énergie du point de vue climatique et qui soutient cette initiative. Par leur inconscience, les initiants ouvrent toutes grandes les portes de la Suisse à l’électricité produite par des moyens qu’ils combattent. Cette attitude est très hypocrite et vraiment nuisible pour la politique énergétique. La solution du Parlement et du Conseil fédéral mise sur une sortie du nucléaire progressive au fur et à mesure du développement des énergies renouvelables et durables. Grâce à cette énergie de transition par les centrales nous garderons notre autonomie vis-à-vis de l’étranger. J’encourage à voter non à la précipitation voulue par l’initiative le 27 novembre prochain.