Une exquise vieille dame
Madelaine Emery, une alerte centenaire de Bourg-en-Lavaux
Elle a gardé toute son élégance, conservé tout son discernement, un regard pétillant et surtout un réjouissant sens de l’humour. Samedi dernier, à l’occasion de son centenaire, Madelaine Emery, entourée de toute sa famille – enfants, petits-enfants, ainsi que son arrière-petite-fille – a reçu une petite délégation « officielle » venue la combler de cadeaux et lui dire son affection, dans sa maison de Grandvaux. Une très belle rencontre en vérité !
Couverte de fleurs, « accablée » de bonnes bouteilles, de bons d’achats d’un énorme gâteau et d’autres présents, l’alerte vieille dame, s’est exclamée avec malice : « Ça vaut vraiment la peine de devenir centenaire », provoquant l’hilarité de l’assistance. Et lorsque Jean-Pierre Haenni, syndic de Bourg en Lavaux, lui a déclaré qu’il espérait être de retour pour ses 110 ans, elle lui rétorqua du tac au tac que, de son côté, elle craignait de ne pas être en mesure de lui rendre la politesse en étant présente aux célébrations de son centenaire à lui. « Je ne suis pas certain d’arriver à cet âge », lui a répondu le syndic, en riant de bon cœur.
Un peu plus tôt, le préfet Daniel Flotron avait égrené quelques grands évènements qui avait marqué l’année 1924, celle de la naissance de Madelaine, à La Chaux-de-Fonds : cette année-là, par exemple, le peuple suisse avait rejeté en votation une modification de la loi fédérale sur les fabriques permettant de porter la durée de travail… à 54 heures hebdomadaires. C’est aussi en 1924 que fut inauguré le monument baptisé la Sentinelle des Rangiers du sculpteur Charles L’Eplattenier. Il fut la cible des autonomistes jurassiens plusieurs décennies plus tard.
Madelaine et son mari Eric, enseignant et musicien, vécurent à Bienne. Mais ils venaient dès qu’ils le pouvaient dans leur maison familiale de Grandvaux, avec leur fille Marie-Claude et leur fils Marc.
L’alerte centenaire a évoqué quelques souvenir de cette vie passée dans la ville bilingue. « A l’école de commerce que je fréquentais, les cours étaient en allemand. Et moi qui adore le français, j’ai du me contenter d’une note médiocre en correspondance française car les questions étaient formulées en allemand. Je n’avais pas tout compris et le professeur a refusé de m’aider, sous prétexte que tout était dans les livres ». Elle ajouta : « J’aime bien les Suisses allemands… Mais certains ont la tête dure ! », soulevant une fois encore les rires de l’auditoire.
Aujourd’hui Madelaine profite pleinement de l’affection de ses proches, et de son magnifique jardin ouvert sur le paysage grandiose du lac et des Alpes. Elle est particulièrement fière du grand tilleul à l’ombre duquel elle aime jouir du moment présent. A notre tour de lui adresser, ainsi qu’à sa famille, nos vœux sincères et nos félicitations.