Un réseau romand pour les cérémonies laïques
A l’heure où de plus en plus de personnes en Suisse romande optent pour des cérémonies laïques afin de marquer les étapes importantes de leur vie, un collectif de célébrants indépendants lance l’association Célébrys. Explications de Anouk Hutmacher, présidente et habitante d’Oron

Mariages, baptêmes, funérailles, mais aussi divorce, guérison ou encore adieu à un animal de compagnie, les occasions de ritualiser les moments clés d’une existence sont nombreuses. C’est pour répondre à cette demande croissante que Sandra Widmer Joly et Natalia Serrano, célébrantes et formatrices d’adultes, ont initié la création de Célébrys, accompagnées de leurs collègues Anouk Hutmacher et Lauriane Lumia. L’association réunit déjà plus d’une vingtaine de membres répartis dans toute la Suisse romande.
Objectif ?
Structurer et professionnaliser ce métier encore méconnu, en mettant en place un réseau de célébrants et en facilitant la mise en relation avec les familles, les pompes funèbres et les organisateurs de mariages. Un agenda en ligne permet aux futurs mariés ou aux familles en deuil de trouver facilement un officiant disponible, classé selon sa région et sa spécialisation. Derrière ce projet, il y a aussi une volonté d’instaurer un cadre éthique et tarifaire pour démocratiser l’accès aux cérémonies laïques, souvent perçues comme un luxe.
Interview de Anouk Hutmacher, présidente de Célébrys
Le Courrier : Quels sont les principaux défis auxquels les célébrants indépendants font face aujourd’hui en Suisse romande ?
Anouk Hutmacher : Avant tout, nous devons nous faire connaître et faire reconnaître la diversité de nos services. Un autre défi majeur est de sortir les cérémonies laïques des villes et des milieux favorisés, pour qu’elles deviennent accessibles à un plus large public. Pour les mariages et les baptêmes, la question se pose différemment : les familles ont le temps de préparer la cérémonie, d’exprimer leurs préférences, de comparer les offres et de négocier les prix. Mais pour les obsèques, les décisions doivent être prises dans l’urgence.
Aujourd’hui, environ un tiers des familles endeuillées – un peu plus en ville qu’à la campagne – ne souhaitent pas faire appel à l’Eglise. Parmi elles, celles qui aimeraient malgré tout une cérémonie ritualisée ne pensent pas forcément à nous, soit par méconnaissance de notre rôle, soit pour des raisons financières.
Personnellement, je trouve triste qu’une famille renonce à une cérémonie faute d’information ou de moyens. L’un des objectifs de notre association est de faire en sorte que cela arrive moins souvent à l’avenir.
Vous souhaitez faire reconnaître officiellement le métier de célébrant laïque. Concrètement, quelles démarches comptez-vous entreprendre pour atteindre cet objectif ?
AH : C’est un objectif à long terme, mais nous avons déjà posé des bases solides avec une formation certifiante de 120 heures en présentiel, complétée par un volume similaire de travail à domicile. Cette certification, en place depuis plus de dix ans, propose des modules distincts pour les funérailles et les mariages, permettant aux célébrants de se spécialiser. Elle assure une reconnaissance entre pairs et garantit une certaine homogénéité dans l’accompagnement et le déroulement des cérémonies. Bien sûr, chaque célébrant apporte sa touche personnelle, tout comme chaque famille a des attentes uniques.
Quels arguments mettez-vous en avant pour que le rôle de célébrant laïque soit reconnu au même titre que celui des officiants religieux ?
AH : C’est une question d’évolution des croyances et des mœurs, mais aussi d’équité. Le fait que de plus en plus de personnes s’éloignent des rites religieux ne signifie pas qu’elles n’ont plus besoin de cérémonies pour marquer les moments clés de leur vie. Aujourd’hui, dans de nombreux cantons, les cérémonies religieuses (mariage, baptême, obsèques) sont accessibles sans frais supplémentaires pour celles et ceux qui paient l’impôt ecclésiastique. En revanche, ceux qui souhaitent une cérémonie laïque doivent entièrement en assumer le coût. Pourtant, un tiers des familles endeuillées expriment ce besoin, du moins en ce qui concerne les funérailles. Il serait juste que ces personnes aient un accès égal aux rituels qui leur correspondent.
Plus d’infos : www.celebrys.ch
