Petites rivières…
« Si Roosevelt avait dit à Churchill de demander la paix à n’importe quelle condition avec Adolf Hitler et de céder les réserves de charbon de la Grande-Bretagne aux Etats-Unis en échange d’aucune garantie de sécurité américaine, cela aurait pu ressembler à ce que Trump a fait à Zelensky. »
L’éditorialiste du New York Times, Bret Stephens ose une redoutable comparaison historique en illustration du clash des deux hommes d’Etat dans le bureau ovale vendredi dernier. La clarté de l’image fait voler en éclat le monde des possible. Plus aucune limite, l’absurdité érigée en bon sens devant un public acquis et en liesse.
Aussi pitoyable et pathétique que ce pugilat de cours de récréation ait été, il n’en demeure pas moins un moment historique caractérisant les équilibres politiques actuels.
Humiliation publique faite à une Ukraine fière et héroïque, réduite à se battre seule dans l’arène devant un Néron qui pactise avec l’ours. L’issue semble écrite. Mais si l’absurde et l’impondérable sont ajoutés à l’apanage du monde des possible, tout devient concevable, y compris le coup de théâtre.
Dans une Europe qui se déchire continuellement, le petit poucet des pouvoirs internationaux rame. Indécrottable optimiste dépressif, j’ai vu des barges débarquer pour sauver le soldat Ukraine. Le sommet de Londres a réuni les Etats européens hors de leurs frontières. Apanage d’une Europe forte par sa diversité, enfin unie. A défaut de l’être à Bruxelles, à l’OTAN ou l’AELE, elle reconnait la nécessité de compter ses ressources de défense du continent par-delà ses clivages.
La Grande-Bretagne post Brexit et l’Italie de Meloni, pour ne citer que ces deux, ont de manière différente leurs propres accès aux empires autocrates. Autant d’angles de résolutions utiles que la Suisse possède aussi. L’histoire l’a prouvé qui l’a épargné lors de la seconde guerre mondiale… mais chez nous, on ne parle pas d’intérêts, ça évite les humiliations.