Un nouveau souffle pour le 85e Bol d’Or
Quelques nouveautés sont apparues dans cette 85e édition du Bol d’Or Mirabaud. Le Bol de Carbone va au premier foiler (voilier muni de foils qui déjauge à une certaine vitesse) franchissant la ligne d’arrivée, alors que le challenge de Basalte récompense le premier multicoque archimédien (selon le vieux principe d’Archimède : tout corps plongé…) franchissant la ligne d’arrivée. Le départ n’est plus organisé en zones, chaque concurrent peut désormais choisir sa place sur la ligne. Un nouveau village a été posé sur les quais, permettant à tout un chacun de suivre l’événement sur un écran géant et de défiler d’un stand à l’autre, conférences et concerts à la clé.
Le Bol est l’occasion de rencontres, ainsi Laurane Mettraux, accompagnée entre autres de Sébastien Schneiter, parlant avec passion de SailGP Switzerland dont une manche est prévue en septembre 2025 ici à la Nautique ; Yvan Bourgnon, navigateur au large bien connu et vainqueur multi-catégories, reçu avec son équipier Christian Parisod sur le Dehler de Patrick Golaz pour un apéritif festif, et bien d’autres comme Jean Philippe Jobé de la Pichette terminant 329e à 12 heures 24 minutes, disant après coup « Nickel, du vent, du soleil ».
L’an dernier, dans des conditions de vent très faibles, Christian Wahl, recordman du nombre de victoires, avouait : « La course se gagne parfois très lentement, mais peut se perdre en quelques secondes, d’où l’importance d’être absolument concentré, connecté ». C’est ainsi que pile 400 équipages étaient inscrits et que 398 ont pris le départ. Avec un vent de sud-ouest bien établi, un joli soleil et des conditions splendides qui ont fait le bonheur des partants, les leaders ont pu atteindre Yvoire après une bonne demi-heure de course tandis que le gros de la flotte sortait du Petit-Lac en moins de deux heures, ce qui est assez peu courant. 354 équipages terminaient la course dans les temps, ce qui l’est également.
Realteam for Léman Hope, un TF35 barré par Esteban Garcia, a été le premier à atteindre la marque au Bouveret après 2 heures 44 de course, soit le temps le plus rapide de l’histoire du Bol sur la première moitié du parcours. Lors du trajet retour, Christian Wahl est momentanément parvenu à prendre la tête de la course, bénéficiant des vents souvent plats qui caractérisent le Haut-Lac. Mais moins rapide que les TF35 dès lors que ces derniers parviennent à voler, il a logiquement cédé la tête de la course aux foilers et a terminé 6e, mais 1er des voiliers archimédiens.
Après deux années sans vent, les formidables catamarans à foils TF35 ont enfin pu démontrer ce dont ils sont capables, remportant les cinq premières places de la course avec une avance confortable sur leurs poursuivants. Yann Guichard, skipper de Sails of Change 8 à Dona Bertarelli et vainqueur de ce 85e Bol, déclarait à l’arrivée : « Je suis extrêmement heureux d’avoir remporté cette victoire. Il s’agit de ma troisième au classement scratch du Bol d’Or Mirabaud et de la cinquième de notre écurie de course. C’était une très belle course, rapide, stratégique et intense. Nous nous sommes battus jusqu’à la dernière minute ». Avoir été moins toilé que les concurrents a peut-être été une chance, du moins un choix stratégique payant. « Nous étions au bon endroit au bon moment », a simplement avoué François Morvan, régleur de grand-voile.
Une nouvelle bête de course est apparue cette année, dessinée et réalisée pour remporter le Bol de Vermeil, le Luthi 1420 de Philippe de Weck dont on attendait qu’il mette un frein à la suprématie du Liberia hongrois vainqueur des quatre dernières éditions et détenteur de onze Bols de Vermeil depuis 1996. Dans cette catégorie de monocoques, Raffica, le voilier hongrois dessiné par le mythique Bruce Farr dans les années 80, n’a pas réédité son exploit. A l’arrivée, K2, barré par Alexander de Weck, a même devancé Raffica de 50 minutes et terminé 15e au scratch et premier des monocoques.
Bernard Borter, dominateur de la classe des Grand Surprise depuis près de vingt ans, a été le vainqueur du Bol d’Or Mirabaud en temps compensé. C’est la première fois depuis 2012, année du premier classement général en temps compensé, qu’un Grand Surprise a remporté la victoire. Parmi nos navigateurs locaux, Christian Monachon, vainqueur l’an dernier dans la catégorie des TCF 4 sur son 6.5m SI Ondine, a réédité son exploit. Vincent Bettschart a fini 6e dans la catégorie des TCF3 sur son Jeudi 12 Vertige.
Sans surprise, le Bol de Carbone a été décerné au meilleur TF35, Sails of Change 8, tandis que le Bol de Basalte est revenu à Christian Wahl, skipper de son D35 w-team. Tous les résultats sont disponibles sur manage2sail.com.