Trop loin
Depuis des années est annoncée la disparition de la presse papier. Une certaine frange de la population n’en voit plus la nécessité, arguant qu’elle s’informe « gratuitement » par les réseaux sociaux et autres sites dits d’information. De l’autre côté, les grands groupes de presse n’effectuent plus leur travail.
Leur rôle premier qui est de fournir une information impartiale et vérifiée grâce à leurs différents titres, n’est plus prioritaire. Le démantèlement des divers secteurs qui faisaient d’un journal un ensemble cohérent et viable a contribué à créer des vases rentables et d’autres beaucoup moins. Le phénomène de vases communicants qui permettait à un média de nourrir le secteur information par la publicité dans ses pages est révolu.
La problématique de l’annonce de Tamedia du mardi 27 août pousse le bouchon encore en peu plus loin dans l’absurdité en affichant crânement sa méconnaissance de l’identification d’une région à son titre régional. J’en veux pour preuve la volonté de son directeur éditorial, Simon Bärtschi, de s’« attaquer aux autres régions romandes avec 24Heures ». Tamedia ne sait visiblement plus comment il s’appelle.
A l’heure où la Tribune de Genève titrera sur le Servette FC, 24Heures est attendu en soutien au LS, quoi de plus naturel. Qu’y a-t-il que les Zurichois n’ont pas compris ? !
L’existence même d’un journal est tributaire de la confiance accordée par ses lecteurs. Cette loyauté nait dans le temps long, article après article et semaine après semaine. Une région ne peut s’identifier à son journal qu’ainsi, par le relais qui est fait par une plume locale d’un événement qui ne l’est pas moins.
Hors sol, c’est ce lien que Tamedia a oublié. A ne considérer la presse que comme un produit d’épicerie, une friche professionnelle est délaissée. De nouveaux modèles économiques pourraient apparaître et faire vaciller ce colosse aux pied d’argile.
L’éditeur zurichois aurait-il été un pont trop loin ?