Skicross – Romain Détraz olympique !
Il a travaillé dur, parfois dans la douleur, pour revenir à son meilleur niveau
Eric Moser | L’occasion ne se présente pas souvent, mais lorsque c’est le cas, à l’image de nos voisins français, il serait dommage de se priver de faire part d’un chauvinisme bien légitime en la circonstance. Un Forellois a participé aux Jeux olympiques de Pékin !

C’est presque à la dernière minute que Romain Détraz a obtenu sa sélection pour les JO, en skicross. En réalité, deux semaines avant le début de l’événement. Précautions sanitaires obligent, le skieur de Lavaux n’a pas pu fêter comme il se doit son départ pour Pékin. En effet, lorsqu’il a appris qu’il représenterait la Suisse aux JO, le pays se dirigeait à une vitesse affolante vers le haut de la vague omicron. Un seul moyen pour le skieur de s’assurer de pouvoir défendre ses chances sur la piste Secret Garden : s’isoler. « Les deux semaines avant les Jeux olympiques étaient un peu difficiles. Nous avons vécu avec la tension de nous dire qu’il ne fallait pas que nous soyons positifs avant d’arriver sur place » nous explique le skieur du Ski club Gryon que nous avons joint par téléphone en Russie. Il s’y trouvait pour participer à une manche de Coupe du monde de skicross à Sunny Valley, qui a finalement été annulée en raison de l’intervention militaire de la Russie en Ukraine.

Un long chemin de croix qui le mène à Pékin
Deux semaines de craintes liées au Covid, ce n’est assurément pas la pire épreuve que Romain Détraz ait dû traverser dans sa carrière. Après avoir obtenu une victoire en Coupe du monde à Arosa en 2016 et de probantes 2e et 3e places à Feldberg, en Allemagne et à Idre, en Suède en 2019, la poisse commence à coller aux lattes du Forellois qui subit trois grosses blessures en l’espace de neuf mois. Les plus sérieuses, une sévère commotion et une déchirure des ligaments croisés. Il entame alors un long chemin de croix dans le processus de récupération. Mais l’homme n’est pas du style à se laisser abattre. Il travaille dur, parfois dans la douleur pour revenir à son meilleur niveau. Un travail payant puisqu’il lui a donc permis de décrocher son ticket pour les JO, certes à la dernière minute. Une place obtenue dans la délégation helvétique à la suite de bonnes performances réalisées à Idrefjäll, en Suède, lors des dernières courses comptant pour la qualification. « Cette participation aux JO, je la prends comme une récompense de toutes ces années durant lesquelles j’ai tellement souffert pour revenir de ces blessures et surtout du travail accompli pour en arriver-là ».
Un incident de course et le parcours olympique s’arrête prématurément
Hélas pour l’athlète de Forel, sa performance sur la piste Secret Garden a une nouvelle fois été marquée par la poisse. Après avoir réalisé un bon départ, le Japonais Satoshi Furuno tombe à côté de Romain Détraz, ce qui perturbe la suite de son parcours. « Dans sa chute, il a touché l’arrière de mes skis, ce qui m’a un peu déconcentré. Je n’ai pas pu bien amortir l’élément suivant, lequel était très important pour prendre de la vitesse pour la suite du parcours ». Un événement qui fait partie du jeu en skicross. Déconcentré mais pas résigné, le Forellois poursuit néanmoins sa descente. « J’ai vu les deux concurrents devant moi qui sont partis un peu tout seuls. J’ai essayé de revenir, mais je n’ai pas réussi à me mettre dans l’aspiration. C’était un peu frustrant sur le moment. Après je me suis dit que j’allais quand même aller jusqu’en bas car, en skicross, on ne sait jamais. Jusqu’à la ligne d’arrivée, tout peut arriver. Ils n’ont pas fait d’erreur. Je suis arrivé en bas plutôt déçu que cela se termine aussi vite ».
Du beau monde resté à la maison
L’aventure olympique de Romain Détraz s’est donc arrêtée en 8e de finale. De quoi nourrir une certaine frustration dans l’âme du compétiteur qu’il est. Néanmoins, même si sa course a été gâchée par la faute à pas de chance, il retient surtout le positif de cette première expérience olympique. « Au-delà du résultat, car je suis quand même un compétiteur, je suis vraiment très satisfait d’avoir été sélectionné et d’avoir représenté la Suisse aux Jeux olympiques. En skicross, nous avons une équipe de Suisse très dense. Nous avons quand même laissé le vice-champion olympique 2018 à la maison. Avoir été qualifié pour les Jeux, c’est, pour moi, déjà une victoire en soi. Je pense que je vais en garder d’excellents souvenirs toute ma vie. C’est le premier grand événement auquel je participais. C’est quand même quelque chose d’avoir vécu cela. Même s’il y avait une bulle sanitaire et, qu’à cause du Covid, il n’y avait pas beaucoup de spectateurs, et même si nous étions un peu limités dans nos mouvements. Dans l’ensemble, c’était quand même un très bel événement à vivre. A l’intérieur de la bulle sanitaire, nous pouvions quand même faire pas mal de choses. Nous pouvions échanger avec d’autres athlètes d’autres disciplines et d’autres nations. C’était vraiment une superbe expérience ».
Une fin de saison en Suisse
Les Jeux olympiques terminés, il faut déjà penser à la suite de la saison. En quittant la Chine, point de retour en Suisse. Romain Détraz s’est directement rendu en Russie où, finalement, la manche de Coupe du monde prévue le week-end passé à Sunny Valley n’a pas eu lieu, les athlètes étrangers ayant décidé de boycotter l’épreuve. Le 13 mars, le Forellois sera engagé à Reiteralm, en Autriche, avant de finir sa saison le week-end des 19 et 20 mars à Veysonnaz où aura lieu la manche finale de la Coupe du monde.
Objectif : Milan et Cortina 2026 ?
En 2026, les prochains Jeux olympiques d’hiver se dérouleront non loin de chez nous, à Milan et Cortina. Romain Détraz aura alors 32 ans. Il se pourrait donc que sa première participation olympique ne soit pas la dernière. « Dans la vie d’un athlète, on se fixe des objectifs à court, moyen et long terme. Quatre ans c’est du long terme ! Il peut se passer beaucoup de choses. Il y aura, entre autres, les championnats du monde l’année prochaine déjà. Mais effectivement une participation aux prochains JO est un objectif ».