Sécurité oblige, de nombreux frênes vont disparaître
Gil. Colliard | Le constat est sans appel, la «chalarose» a, comme partout ailleurs, lourdement frappé le peuplement des frênes de la région d’Oron. 1200 arbres malades, rendus cassants et reconnus dangereux, car situés aux abords des voies de communication ou des habitations, seront abattus dans le triage de la Haute-Broye.
90% des frênes condamnés par un champignon
Depuis quelques années, le frêne, une essence largement répandue dans le canton de Vaud, est victime d’une maladie fongique aiguë: le flétrissement du frêne, ou chalarose. Ce champignon originaire du Japon s’est propagé à vive allure dans toute l’Europe en y causant des dégâts considérables. Il a été observé pour la première fois en Suisse en 2008 et dans le canton en 2010. A l’heure actuelle, il n’existe aucune mesure phytosanitaire efficace permettant de traiter les arbres malades ou même d’enrayer la propagation de cet agent pathogène. L’unique solution consiste à abattre les arbres atteints lorsqu’ils présentent un danger potentiel pour la population et les voies de communication. Cependant, en forêt, cette essence ne subira pas de coupe particulière. Le triage de la Haute-Broye, s’étendant sur les communes d’Essertes, Oron, Maracon et Vulliens, représente une surface forestière de 960 ha, tous propriétaires confondus, et compte, selon les données du dernier recensement, un volume de 23’790 m3 de frênes sur pied, dont on estime que le 90% sera condamné.
Travaux d’abattage de début décembre à fin mars
Tâche ardue pour les gardes forestiers qui doivent répertorier les arbres à couper. Cette essence ayant largement colonisé les bords des ruisseaux et des routes, sa disparition programmée va modifier les paysages auxquels nous sommes habitués. Marqués d’une croix orange sur l’écorce, ils seront abattus par les entreprises spécialisées de la région avant d’être transformés en bois énergie de qualité. La valeur calorifique du frêne se situe à 97% de celle du hêtre et ne subit pas de modification due à la maladie. Les travaux débuteront le 5 décembre sur la route d’Auboranges et vont se poursuivre jusqu’à fin mars. Tous les propriétaires concernés ont d’ores et déjà été avertis et rendus attentifs quant à leurs responsabilités. Les principaux chantiers vont se situer le long de la Biorde et de la route allant de Palézieux-Village en direction des Tavernes; à Oron-la-Ville le long du Flon depuis le cimetière jusqu’au Landi, et vers les Bures, la route de la Poya en direction de Chapelle; à Ecoteaux, le long des chemins du Saut et des Bois. Ces travaux occasionneront des perturbations au niveau de la circulation et demanderont, momentanément, patience et compréhension de la part des conducteurs et des piétons.
Bien qu’affecté par le fait d’abattre en grand nombre cette essence qu’il apprécie pour son aspect et pour son bois dur, souple et facile à travailler, utilisé pour la fabrication de manches d’outils et autrefois pour la fabrication des chars, Eric Sonnay, garde forestier, reste positif. «Bien sûr le paysage sera momentanément défiguré, mais sous le peuplement des frênes appelés à disparaître, poussent de nombreux chênes, érables, foyards, cerisiers. Nous allons effectuer les coupes sans abîmer ce recru naturel et lui permettre de se développer. Le plus gros des branches sera évacué», souligne-t-il. Il rappelle qu’un scénario identique s’est déroulé en Suisse dans les années 70, pour les ormes atteints de la graphiose. Cette essence a payé un lourd tribut à la maladie et a presque disparu. Cependant certains arbres ont résisté tel un exemplaire à Maracon en face du collège, cinq individus dans la forêt des Carboles aux Tavernes ainsi que quelques petits spécimens dans les bois de l’Erberey à Oron-le-Châtel. L’espoir est donc permis, d’autant plus que les prévisions de survie du frêne sont de 10%.
Que dit la loi ?
Art. 41 Obligations des exploitants d’installations
1. Les exploitants d’installations (comme les routes, les voies ferrées ou autres installations de transport notamment soumises à concession, ainsi que les usines électriques et les installations de transport de fluides, d’énergie et de communication) ont la responsabilité de prendre, à leur charge, des mesures préventives pour protéger les usagers contre les dangers naturels.
2. Ces mesures ne s’appliquent pas aux chemins forestiers de desserte, aux dessertes rurales ni aux sentiers et cheminements pédestres situés en forêt.
3. Les domaines skiables sont dans tous les cas soumis à la règle énoncée à l’alinéa premier.