Sculptures en plein air dans le cadre magnifique du quai de Montreux
Pierre Jeanneret | Longer le quai de Montreux est déjà un ravissement en soi, avec ses paysages de carte postale, ses massifs de fleurs, ses palmiers et bananiers, ses vues sur le lac parcouru par les bateaux à vapeur de la CGN, et de l’autre côté de celui-ci les montagnes de Savoie… Mais un plaisir nouveau – et tout aussi gratuit – vient s’y ajouter, et cela jusqu’à fin octobre. C’est la Biennale de sculptures en plein air, dont la première édition a eu lieu en 2008. Deux prix seront décernés à l’issue de la manifestation: celui du public et celui du jury. L’œuvre couronnée par le second sera acquise par la ville et exposée de façon permanente.
Nous avons été surpris par la qualité des œuvres présentées, provenant de nombreux pays. Elles ont en commun leurs dimensions importantes, imposées par le règlement du concours, afin d’être bien visibles. Certes, toutes n’ont pas le volume spectaculaire de l’éléphant de Dominique Andreae (Suisse), fait de tubes d’acier, avec ses 4 tonnes, ses 15 mètres de long et 12 m. de haut! D’autres matériaux sont présents: la pierre, le bronze et le cuivre, les matières plastiques, le bois, et même des objets de récupération, telles les bonbonnes de titane composant Love is all du Français Michel Laurent. Tous ces travaux ont en commun d’être mis en valeur par le fond naturel admirable rappelé plus haut.
Mentionnons quelques tendances. Certaines oeuvres sont porteuses d’un «message», par exemple l’allusion à la disparition progressive des ressources de la planète ou à la pollution: le Français Emeric Jacob a composé sa Créature du lac Léman avec des objets hétéroclites récupérés dans ce plan d’eau hélas trop souillé. D’autres ont une valeur symbolique: ainsi le cercle fondamental, fait d’une belle pierre non polie, signifiant « La Genèse » en hébreu, de Fortunée Szpiro Dagmy (USA). D’autres encore touchent au fantastique, telles Black Bird, composé de plaques soudées, de la Française Caroline Brisset, ou L’Echappée du Lac de Nathalie Masset (Suisse), un être mi-femme mi-poisson. On trouve aussi des oeuvres réalistes, voire hyper-réalistes, comme Les amoureux serrés l’un contre l’autre sur un banc, de l’artiste belge Margaret Michel, ou encore les Vénus vagabondes peintes en bleu du Français Gérard Cazé, influencées par les personnages obèses de Botero et les figures féminines de Nicky de Saint-Phalle, qui fut la compagne de Tinguely. Nous avons été particulièrement séduits par le banc de poissons de métal s’élevant vers le ciel du Studio C & C (Italie). A chacun-e de décider quelles sculptures lui plaisent le plus!