Scrutin ou loterie ?
Un week-end chargé se prépare. Ces prochains jours s’annoncent intenses en terme d’activité neuronale pour ceux qui n’ont pas déjà glissé leur enveloppe dans l’urne.
Le vote de dernière minute semble être une tradition bien helvétique. Cela part bien sûr d’une idée fort louable, celle de vouloir s’informer au maximum afin de pratiquer un vote objectif et en toute connaissance de cause. Mais hélas, il faut bien reconnaître que c’est
rarement le cas. Dans le surabondant flux d’informations qui caractérise l’approche de la période de votations, le citoyen est ballotté de résultats de sondage en avis partisans et à terme ne trouve que bien peu de place pour son choix personnel. Le vote se fait alors épidermique, vote de contestation ou vote émotionnel. Regrets garantis, comme l’après 9 février nous l’a bien fait sentir. La population s’est alors réveillée avec la gueule de bois en se demandant si c’était bien là qu’elle désirait aller. En
lisant la presse étrangère, elle a pris soudainement la mesure de l’ampleur des conséquences de ce vote et de ses implications nationales et internationales. A ce jour, le gouvernement peine encore à mettre en œuvre cette décision (im)populaire et à récupérer les pots cassés…
Qu’en serait-il alors si le résultat du vote de dimanche venait doubler la mise? Dans ce monde que tous veulent global, de libre circulation et de libre échange, la Suisse ferait alors à nouveau figure de petit village fortifié peuplé de fiers irréductibles autosuffisants. Nous ne le
sommes pas, mais nous pourrions bien nous trouver au bord du gouffre… et faire un grand pas en avant!
Un récent sondage de la SSR montre que rien n’est encore gagné. La partie se jouera donc avec les indécis et sur un dernier coup de théâtre émotionnel qui fera pencher la balance dans un sens ou l’autre. Etre sujet à l’impondérable est détestable, comme à confondre scrutin et loterie.