Saoulons-les !
La coupe est pleine pour les vignerons, je dirais même plus, leurs caves sont pleines. Il s’agit même de faire de la place pour la nouvelle cuvée. Or, on le constate dans nos régions, les grands distributeurs orange – et les autres – jouent le temps, et ils ont les reins autrement plus solides que nos producteurs.
C’est ainsi que certains vignerons se sont résignés à brader leur vin à 70 centimes/litre en « tout venant » (lire, vin de cuisine). Ce breuvage divin, issu de coteaux des plus réputés, élevé avec amour et savoir-faire ne peut résister à un trader orange acharné.
Le drame viticole qui se profile n’émeut pas. L’attitude de vigneron pleurnichard et autocentré qu’adopte certains producteurs n’est pas nouvelle et n’aide pas. Le sort, le destin, le climat ou Dieu, n’ont aucune responsabilité. S’il fallait une preuve tangible – et buvable – du travail des vignerons vous la trouveriez à chaque dégustation : le vin vaudois a pris l’ascenseur en termes de qualité et de diversité.
Le problème est ailleurs. Il n’est pas dans le produit ou sa fabrication, il a deux sources.
La première est locale et bien de chez nous, c’est celle des clochers. Chacun est roi en son parchet. Alliance rime avec concession, mais surtout avec faiblesse. Les certitudes figées ne débouchent jamais sur évolution, au contraire. Nous Suisses, devrions connaître les vertus de se fédérer…
La seconde est triviale hélas. Banale et pathétique. Le manque d’appui politique. Le courage de monter au créneau a laissé place aux salamalecs et autres ronds de jambe. Ces pratiques sont usuelles et se diversifient sans scrupule qu’il s’agisse d’un avion de combat, de grains de raisin ou d’acquis sociaux.
Invitons les politiques et saoulons-les la veille du combat ! Cela leur donnera peut-être le cœur au ventre d’abandonner leur bouffonne zone de confort.