Saint-Saphorin – « Je regrette d’avoir accepté ce préavis en 2015 »

Conseil communal du 16 décembre
Il y a sept ans, les élus saint-saphoriens avaient accepté des travaux pour moderniser le réseau d’eau à hauteur de 2.55 millions. Aujourd’hui, ils refusent un crédit supplémentaire de 309’000 francs alors que les opérations touchent à leur fin. En cause, une discordance des prix du mandataire.
Il semble que le bureau d’ingénieur n’a pas fait preuve de toute la diligence requise dans les travaux de mise en conformité du réseau d’eau », précise Géraldine Aymon avant d’annoncer que la Municipalité a peut-être fait preuve de légèreté et d’excès de confiance dans le suivi de son mandataire. Pour la rapporteuse de la commission chargée d’étudier cet objet, les montants issus du document du bureau d’ingénieur lausannois ne correspondent pas aux chiffres de 2015.
Il semble que le bureau d’ingénieur n’a pas fait preuve de toute la diligence requise
Géraldine Aymon
Datant du 13 décembre dernier, le rapport du bureau d’ingénieur présente des incohérences. Preuve à l’appui, la commission a découvert que plusieurs dépassements ressortaient déjà des soumissions lors de l’appel d’offres, soit avant les premiers coups de pioches. Pour elle, le bureau d’ingénieur aurait dû rendre attentif la Municipalité du dépassement des coûts avant l’exécution des travaux, ceci dans le but que le Conseil communal puisse en être informé et statuer sur ces surcoûts : « Dans ces circonstances, la commission ne peut se prononcer et recommande de ne pas accepter le crédit supplémentaire de 309’315 francs. »
Chiffres à la hausse et opérations surprises
Pour ces travaux, la Municipalité a exclusivement confié le suivi technique et financier du chantier au bureau d’ingénieur :
« Lors de la révision des comptes, le bureau d’ingénieur a présenté un bouclement annuel global, et non pas par ouvrage. De sorte que le dépassement des coûts n’a pas pu être décelé plus tôt », déclare la rapporteuse. Toujours au chapitre des imprévus, le bureau d’ingénieur s’est dit également surpris par ces augmentations : « Selon ses dires, le bureau d’ingénieur aurait renégocié avec les entreprises œuvrant dans ces travaux. Des interrogations demeurent au niveau de l’avant-projet, car les métrés ont depuis augmenté ». A ce jour, Saint-Saphorin a engagé 2’859’315 francs, soit un dépassement de 309’315 par rapport au budget voté en 2015.
Ce surcoût s’explique par plusieurs opérations effectuées sans l’approbation du Conseil communal. C’est le cas d’un forage aux alentours du réservoir des Faverges. Le terrain peu favorable aurait exigé une intervention lourde : « Il a été décidé de descendre le tout sur la partie inférieure, cela a nécessité la création d’une rampe et d’un accès par les vignes ». Si la commission entend bien que des inconnues comme l’étanchéité et un effondrement dû aux pluies de 2021 peuvent faire grimper les prix, elle ne conçoit pas que la proximité avec les voies CFF et les exigences topographiques n’ai pas été prises en considération :
« Ce sont des données connues, il appartenait donc au bureau d’ingénieur d’intégrer ces éléments dans son avant-projet. Je regrette d’avoir accepté ce préavis en 2015 », s’insurge David Ferrari.
Ce sont des données connues, il appartenait donc au bureau d’ingénieur d’intégrer ces éléments dans son avant-projet
David Ferrari, conseiller
De son côté, la Municipalité se veut rassurante et souligne que la réalisation de la rampe et l’accès devraient impliquer une subvention plus importante de l’ECA, un soutien estimé à 248’000 francs. L’exécutif admet n’avoir pas suffisamment « talonné » le bureau d’ingénieur : « Notre responsabilité est engagée et nous sommes en train de monter un dossier pour nous retourner contre le bureau d’ingénieur», précise Gérald Vallélian.
Si le refus, à l’unanimité des élus, oblige la Municipalité à réexaminer le dossier, il constitue une pression sur le bureau d’ingénieur lausannois pour qu’il revoit sa copie.
Budget 2023
La commission de gestion-finances et la Municipalité possèdent la même vision qu’il y a une année : « Comme pour 2022, le budget n’envisage que des dépenses essentielles et indispensables », expose le rapporteur de la commission. Cette prudence financière doit permettre de ne pas détériorer la valeur du patrimoine. L’augmentation des charges énergétiques pèse sur le budget 2023, tout comme la participation à la cohésion sociale exigée par le canton : « La facture sociale et les autres charges cantonales non maitrisables représentent 55% des coûts ». Avec un total des charges de 2’658’550 francs (+207’440 que 2022), la bourgade de 398 habitants observe un revenu de 2’290’765 francs, soit un déficit présumé de 367’785 francs pour l’année prochaine. Après les explications de la Municipalité pour retrouver une marge d’autofinancement positive, le budget 2023 est accepté à l’unanimité.