Rink-hockey – A Pully, on vit le rink comme une famille
Pour Guillaume Oberson, gardien et chef technique, la force de Pully réside autant dans la solidarité que dans le jeu. Entre défis d’un club de LNA et transmission aux jeunes, il défend un projet collectif qui veut durer.

A 39 ans, Guillaume Oberson ne se contente pas de protéger la cage de Pully. Il est aussi chef technique du club, impliqué dans les choix sportifs et dans la formation. Pour lui, l’aventure en Ligue nationale A n’a rien d’un sprint isolé, mais tout d’une course d’endurance collective. « Ce qui fait la réussite de Pully, c’est l’esprit de famille. Ici, on ne raisonne pas qu’en termes sportifs, mais aussi humains. »
L’été de la 1re équipe du Pully RHC a été animé par les départs d’Emerson de Olivera (19 ans) et du gardien JP Vizio (32 ans) ainsi que l’arrivée surprise de Gaël Jimenez (38 ans). Pour ce dernier, Oberson assume ce pari : « On a choisi la stabilité et l’expérience. Gaël, c’est un joueur au caractère fort et, physiquement, il est au-dessus. Il va nous aider à franchir une étape. » L’idée est claire : combler un vide sans casser la dynamique de groupe.
Oberson est évidemment resté en retrait sur les décisions touchant aux gardiens. Il n’en reste pas moins que, à Pully, les choix sont discutés, validés collectivement, avec une attention particulière portée aux équilibres humains. Au final donc, Maxime Duflon et Guillaume Oberson défendront les cages de l’équipe, cette saison. Sinon, le reste du groupe est inchangé.
Deuxième saison en LNA : « Il faudra confirmer »
Le championnat qui s’annonce n’a rien d’un long fleuve tranquille. « Il n’y aura pas d’équipe faible cette saison. Diessbach, Wimmis, Biasca, même Wolfurt avec ses Catalans naturalisés seront forts. Et Tiago Ferreira a repris du service à Thoune. Même Genève, néo-promu affaibli par deux départs, reste dangereux. » Dans ce contexte, l’objectif est clair : « Le maintien. Contingent, complet, Pully sera plus fort que l’année dernière. Si on refait les playoffs, tant mieux. Mais le plus important, c’est de confirmer le travail de l’année passée. » Oberson se veut prudent, conscient qu’on n’est jamais à l’abri d’une blessure et qu’un faux pas peut coûter cher dans une saison aussi courte (14 matches pour les qualifications).
« L’an dernier, on se qualifie en battant Wimmis à la maison, mais on perd deux fois bêtement contre Wolfurt. Ça se joue à rien. » Le message est limpide : la régularité et la concentration feront la différence. Et pour y parvenir, l’expérience des cadres doit servir de boussole aux plus jeunes. Car Pully ne se construit pas seulement sur des talents importés, mais aussi sur une école locale où chacun est encouragé à prendre ses responsabilités.
Et la Coupe d’Europe, face à Walsum, 4e du dernier championnat d’Allemagne ?
Oberson y voit un défi stimulant : « Ce n’est pas le déplacement dont on aurait rêvé. mais, sportivement, c’est une équipe prenable, même s’il faudra tout donner. Personne ne nous fera de cadeau. » Il sait que ce genre de rendez-vous constitue une opportunité précieuse pour faire progresser l’ensemble du groupe. « C’est dans ce type de matches que les jeunes comprennent vraiment ce qu’est l’intensité du haut niveau. »
A travers ses mots, on mesure les différentes casquettes du gardien. Coach sportif à la ville, athlète toujours performant, mais aussi mentor soucieux de transmettre. « Moi, je joue encore deux ou trois ans si le corps suit. Mais je veux surtout que les jeunes aient envie de prendre le relais. » Sa vision dépasse l’horizon d’une saison : elle vise à consolider un projet pérenne.
A Pully, le rink-hockey ne se résume pas à un classement. Il se vit comme une aventure collective, faite de sacrifices, de fidélité et de plaisir. Et quand on entend Oberson parler de son club, on comprend pourquoi ce petit bastion vaudois a trouvé sa place en LNA.

Reprise du championnat Suisse de LNA :
samedi 4 octobre, Pully – Genève
(18h, salle Arnold-Reymond)
L’Europe 2026 : un cru très moyen
Public clairsemé, Portugal vainqueur sans briller, Suisse limite : Guillaume Oberson jette un regard lucide sur son 6e Euro.
Le championnat d’Europe de Paredes ne laissera pas un souvenir impérissable. « Ambiance nulle, public proche de zéro. On jouait devant quatre ou cinq proches, sinon c’était vide. Le Portugal remplissait la salle, mais pour le reste, rien. » Un contraste saisissant avec le Mondial de Novare qui avait attiré un vrai public. Au Portugal, la localisation de la patinoire, isolée sur une colline, n’a rien arrangé. « Si ça avait été à Porto, il y aurait eu du monde. Mais là, c’était trop reculé. »
Le niveau de jeu, lui aussi, a déçu le gardien suisse. « Les Portugais sont champions d’Europe en gagnant un match et demi. Pas de style, pas de spectacle. » Même l’Espagne s’est présentée affaiblie par l’absence de plusieurs cadres, probablement retenus par leurs clubs. La formule du championnat y est pour quelque chose. « On fait jouer les 4 premiers du dernier championnat entre eux, pour des rencontres sans réelle importance. Résultat : des matches souvent stériles, joués sans prise de risque. Ça manque de niaque, de folie. » Même une affiche comme Espagne – Portugal, censée être un sommet, a manqué d’intensité.
L’équipe nationale ne fait plus rêver
Et la Suisse dans tout ça ? Le parcours a montré les limites du groupe. Trois nuls, une victoire contre l’Allemagne, puis une défaite contre Andorre. « On doit être plus dominateurs, on ne peut pas faire match nul contre l’Autriche. Mais aujourd’hui, l’équipe nationale ne fait plus rêver. On joue avec ceux qui veulent bien venir. » Les Pulliérans Loye, touché aux adducteurs, et Gottwald, relevant de blessure, n’étaient pas du voyage.
L’absence de certains cadres a pesé, tout comme le manque d’expérience des nouveaux. « Il y a un vrai problème de fighting spirit. On n’est pas en train de jouer au golf ! » Pour Oberson, la comparaison avec la France est cruelle : « En 2016, on gagnait 6-1 contre les bleus. Depuis, les Français ont pris le TGV. Nous, on n’est même pas sur le wagon marchandises. »
Le gardien ne se contente pas de pointer les faiblesses. Il appelle aussi à une prise de conscience collective. Exporter des joueurs, les confronter au haut niveau étranger, comme l’ont fait les Français, voilà ce qui pourrait changer la donne. Lui-même admet ne pas avoir franchi le pas, pris par sa carrière professionnelle. « Oui, à 19 ans, ça aurait valu la peine. » Mais il sait que pour les nouvelles générations, l’avenir du rink passe par cette ouverture.
Au-delà des résultats, l’Euro a aussi marqué la fin d’une époque : son complice JP Vizio a annoncé sa retraite internationale. « On nous a toujours vus comme des rivaux, mais on était complémentaires. Je suis triste de continuer sans lui. » Ensemble, ils formaient un duo de classe mondiale.
Lucide mais pas amer, Oberson retient surtout l’expérience. « Pour l’évolution du rink en Suisse, être dans le groupe B avec l’envie de monter, c’est peut-être plus motivant que de prendre des tôles en groupe A. » Il ne nie pas la déception d’avoir manqué la 5e place, synonyme de promotion, mais il préfère voir dans ce revers une opportunité. « Sur un match, on peut battre Andorre ou l’Allemagne. Mais sur la durée, il faut élever notre niveau. »
Championnat d’Europe de Paredes, classement : 1. Portugal, 2. France, 3. Espagne, 4. Italie, 5. Andorre, 6. Suisse, 7. Allemagne, 8. Autriche.