Rendre public
L’information n’est plus le privilège des médias, elle est partout, sur tous les supports avec profusion d’applications spécifiques. Tout utilisateur se considère désormais comme détenteur de la vérité et n’hésite que trop rarement à la publier. Au milieu de ce bruit, il est difficile de trier le bon grain de l’ivraie, mais aussi étonnement qu’il y paraisse le sens critique y fait une renaissance. La tendance serait à la vérification des sources et à une certaine pondération lorsqu’il s’agit de publier sur les réseaux sociaux. Certes, la terre est bien plate et Elvis n’est pas mort, mais le phénomène des Fake News accouche lentement d’un nouveau réflexe, celui du Fact Checking. La vérification de l’information devient une nécessité sur la toile, sauf pour ceux, encore nombreux, qui considèrent que le ridicule ne tue pas… Le paradigme s’est inversé. Publier immédiatement et faire le buzz est primordial. La véracité des faits ne vient que loin derrière. L’important étant le nombre de personnes s’exprimant sur le sujet. Que ces dernières adhèrent où se révoltent importe peu, la contre pub est aussi une pub. A ce jeu d’ego, souvent mercantile, s’oppose l’idée première, celle de tourner sept fois sa langue avant de publier. A l’information technologique et immédiate s’oppose celle plus chronophage du tangible et de la chaîne de production. La question n’est plus de choisir entre un journal virtuel ou un journal papier, entre un blog ou un journal en ligne, Elle oscille plutôt entre prise d’informations préparées, réfléchies et jet d’informations épidermiques, immédiates. Les deux se complètent, mais le temps reste une donnée invariable dont on ne peut se débarrasser pour comprendre les sujets. Pour conclure sur la confusion qui règne entre ces deux mondes, cette parole d’un lecteur à qui je proposais de développer sa longue dithyrambe facebookienne dans nos pages : « Je ne veux pas que ce soit rendu public ! … » La presse papier a encore de beaux jours à vivre, merci pour votre fidélité !