Réflexion – Môsieur… l’entraîneur ?
Non, Monsieur l’entraîneur !
Pierre Scheidegger, Panathlon-Club Lausanne. |. Le sport, nous le savons tous… enfin presque tous, est un véritable sujet aux problèmes multiples de société nécessitant tellement de réflexions et de respect qui, parfois, s’oublient pour ne pas évoquer même un certain dédain en regard à d’inutiles «mainmises» d’opportunistes qui ne gèrent que leurs propres intérêts. Cette situation n’est pas l’apanage de notre pays, mais bien reconnu sur l’ensemble de la planète sport!
Et pourtant ?
Que de sphères touchant de près ou de loin le bien-être espéré de chacun tels la santé, les loisirs, l’éducation voire l’économie dont nous profitons tous. Sommes-nous trop gâtés, habitués à notre confort de nantis? C’est plus qu’une question… Ce devrait être une réflexion! Quelle commune ne met-elle pas à la disposition de sa jeunesse, de sa population, des installations… de nantis? Impressionnant et… pourtant!
On s’habitue…
Néanmoins, si belles soient-elles et autorisées à une utilisation de tous instants, ces installations seraient quasi inutiles s’il n’y avait pas une organisation enviée par beaucoup, et… pourtant!
On s’habitue…
Mais doit-on aussi nous habituer à … Monsieur l’entraîneur ? Pièce maîtresse sur l’échiquier sportif, l’entraîneur est, il est vrai, indissociable à la réussite du sportif mais surtout de l’adolescent, l’adolescente, car les paramètres, selon le sport, ne sont pas identiques en regard des sportifs d’élite.
… ça va, aujourd’hui ?…
Cet accueil, ce bonjour, ce salut vieux comme le monde n’est pas anodin ! Il est le reflet incontournable d’un homme dont le souci premier, aux prémices d’un entraînement, a… ou devrait s’enquérir. C’est également l’ouverture d’une relation de confiance car sans confiance entre le sportif et la connaissance de l’entraîneur, nul résultat n’est possible.
Alors Monsieur l’entraîneur… quel est votre cursus ?
Sans comparaison aucune, il y a encore quelques années, les connaissances de l’entraîneur provenaient de notre organisation Jeunesse et Sport et de l’Ecole fédérale des sports de Macolin. Une graduation de compétences l’autorisait à accéder à des postes de prestige. La notion première était la parfaite connaissance de son sport de prédilection. La relation humaine était mise en valeur. L’entraîneur avait à cœur de comprendre, presque d’instinct, tous les états d’âme de ses ouailles. Il était l’homme de confiance, de confidence. On le respectait!
Puis est venu… l’avènement du sport moderne !
Psychothérapeutes du sport… Psychologues du sport… Médecine du sport… Comportement compétitif… Biorythmes… Biomécanique… Relais informatiques… «robo-mécanisation» du sportif… Et l’argent! Un nouveau langage pour initiés! Bien sûr, l’entraîneur moderne ne voudra pas renouveler les protestations d’Hippocrate qui ne voulait pas voir dans l’athlète un histrion déformé par l’hypertrophie de certaines masses musculaires. Néanmoins, à la vue de certains corps de sportifs et de l’environnement aujourd’hui actif qui l’encourage… que pense ou que peut faire ce dernier, si ce n’est justement l’entraîneur? Le sport évolue… c’est indéniable. L’entraîneur aussi. Cependant, étant dans l’obligation du résultat au vu de certaines exigences «post-sportives» il se trouve souvent dans une dramaturgie des temps modernes: La gloire ou l’oubli et, encore plus, dans ce monde où le besoin d’affirmation de soi par voie compétitive demeure la dominante de nos sociétés modernes, dont font aujourd’hui partie les multinationales du sport.
Foi et devoirs !
Il se dit, paraît-il, qu’une des plus belles facultés de l’homme est… l’oubli ! On se doit cependant de ne jamais mépriser cette solide clé de voûte que représente l’entraîneur dans l’organisation de chaque club non professionnel, tout sport confondu. Souvent bénévole, il vous offre de son temps, de ses connaissances, sans oublier les raisons profondes de son investissement, de sa mise à disposition pour son club, son sport et surtout… pour la jeunesse ! C’est une chance que des femmes et des hommes comprennent l’importance de ce rôle indispensable à nos sociétés, si nous ne voulons pas assister au déclin de nos institutions sportives. Ce qui serait vraiment dommageable pour nos jeunes sportifs.