Qualité de l’eau – Immersion dans l’usine d’eau potable du lac de Bret
Construite en 1960 sur le territoire communal de Puidoux et rénovée en 1985, l’usine d’eau potable de Lausanne produit chaque année 4,3 millions de m³ d’eau (chiffre 2023), soit 490 m3 par heure et 8160 litres par minute. Si cela couvre 13,5 % des besoins de la capitale vaudoise, elle approvisionne également les communes voisines. Visite guidée.

La chaîne de traitement de l’usine de Bret est réputée pour sa robustesse. Ici, des centaines de mètres de tuyaux en acier serpentent sous les deux bâtiments de l’usine, où presque tout se passe en souterrain. Un choix logique, puisque le système repose sur la gravité pour filtrer l’eau et l’acheminer vers l’est lausannois et la commune de Puidoux.

Une filtration en plusieurs étapes
« L’eau descend naturellement du lac jusqu’à l’usine, où elle est réceptionnée dans des cuves avant de subir une première filtration », explique Benoit Michaël, chef d’exploitation des usines de Bret et de Sonzier. Pour la désinfecter, de l’ozone est injecté : « Ce gaz permet de séparer les molécules impropres à la consommation ». Ensuite, un coagulant est ajouté pour regrouper les impuretés sous forme de flocons, qui remontent à la surface à la manière des bulles dans l’eau gazeuse. « Dans ces bassins, des racleurs viennent automatiquement évacuer cette mousse. Les filtres à sable prennent ensuite le relais pour éliminer les derniers résidus de ce polymère à base d’aluminium. À ce stade, l’eau est déjà potable », ajoute le responsable.
Des analyses régulières garantissent la qualité de l’eau à chaque étape du processus. Une légère injection d’ozone permet ensuite d’éliminer les résidus de coagulant et de rendre les particules biodégradables, facilitant leur absorption par les filtres à charbon actif. « C’est un peu comme une carafe Brita, mais à grande échelle. Le charbon actif va capter les dernières impuretés grâce à son pouvoir d’absorption naturel. On améliore encore la qualité de l’eau. »
Une distribution optimisée et un fonctionnement autonome
Avant d’être acheminée vers les consommateurs, l’eau est désinfectée avec une solution chlorée, puis stockée dans des cuves tampons. L’usine fonctionne sans énergie pour son transport : « L’eau est distribuée gravitairement vers Lausanne et deux pompes de 600l/min alimentent Puidoux », rappelle Benoit Michaël. Un accord lie Lausanne et Puidoux : en cas de surplus, la commune revend son eau à la capitale vaudoise, et lorsqu’elle en manque, elle en reçoit en retour. L’usine de Bret, qui représente environ 13.5 % de la consommation lausannoise, peut également fonctionner de manière autonome grâce à des génératrices en cas de besoin. Les panneaux photovoltaïques en toitures sur les deux bâtiments permettent en partie son approvisionner en électricité.
Le lac de Bret est alimenté par le cours d’eau Le Grenet, qui doit maintenir un débit minimum de 100 litres par seconde pour préserver la faune piscicole. « En période de grosse chaleur, lorsque l’eau se fait plus rare, la priorité est donnée aux habitants de la rivière. Cela se fait automatiquement », explique le chef d’exploitation.
Une usine unique dans le dispositif lausannois
Seule usine lausannoise utilisant ce procédé de traitement, Bret se distingue de celle de Saint-Sulpice, qui repose uniquement sur la filtration mécanique à sable, et de celle de Lutry, qui utilise l’ultrafiltration et du charbon en poudre pour neutraliser les micropolluants. Fonctionnant 24h/24, l’usine de Bret fait actuellement l’objet de travaux dans ses galeries souterraines et dans ses bassins afin d’assurer son efficacité à long terme.

Traitement des micropolluants et des PFAS
Face aux enjeux liés aux micropolluants et aux substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), la ville de Lausanne a renforcé son dispositif de traitement de l’eau potable. Les micropolluants, issus notamment des résidus de médicaments, pesticides ou produits industriels, sont traités par des filtres à charbon actif. Ce procédé permet d’absorber une grande partie de ces substances avant la distribution de l’eau. La teneur en micropolluant du lac de Bret est considérée comme faible.
Concernant les PFAS, surnommés « polluants éternels » en raison de leur persistance dans l’environnement, Lausanne suit de près leur présence dans son réseau. Des analyses régulières sont effectuées afin de garantir que leur concentration reste sous les seuils recommandés par la Confédération. Des technologies d’élimination avancées, comme l’adsorption sur charbon actif et l’osmose inverse, sont à l’étude pour améliorer encore la qualité de l’eau fournie aux habitants.