Pully – Un siècle partagé
Tendresse
Thomas Cramatte | Ils se promènent main dans la main depuis 75 ans. Un couple de Pully détient l’un des records de longévité du continent, voire du monde. Bi-centenaires à eux deux, Elyse et Marcel Vaney ont récemment fêté leur 100e anniversaire. Mariés depuis 1946, ils ont traversé les événements et l’évolution de la société. Pourtant, malgré la seconde guerre mondiale et les aléas de la vie, les époux Vaney gardent une joie de vivre qui leur est propre.
Noces d’albâtre
C’est à l’occasion de leur anniversaire de mariage que le couple a reçu le préfet du district Lavaux-Oron, Daniel Flotron. Verre de vin blanc et apéritif, une bonne humeur plane devant la bibliothèque de la Résidence Pré Pariset de Pully. « C’est tellement agréable de rencontrer du monde », exprime Elyse Vaney dans un grand sourire. Née le 27 mars 1921 à Paudex, Elyse Bujard de son nom de jeune fille, fait la connaissance Marcel Vaney à l’âge de vingt ans. « On s’est rencontré dans un bal », précise-t-elle les yeux emplis de souvenirs. Durant les cinq années qui suivirent, Marcel se remémore les trajets à pieds ou à vélo pour retrouver sa belle. « A l’époque, il n’y avait presque pas de voitures », souligne Marcel Vaney avec un regard vif. Il faisait ainsi les trajets entre Pully et Paudex tous les jours pour passer du temps avec sa Lily. Si la commune de Pully a vu naître Marcel Vaney le 23 août 1920, elle l’a également vu grandir tout au long de sa vie. « J’ai présidé le Conseil communal en 1957 ». Cet honneur, Marcel Vaney le doit d’une part pour son amour de Pully et, d’autre part, pour ses capacités en la matière. Car après son passage au gymnase de la Cité à Lausanne, il décide d’étudier le droit à l’Université de Lausanne. Dès l’obtention de son brevet, il rejoint un bureau d’étude de notaire à Pully, où il restera jusqu’en 1993. Cette même année, Marcel Vaney reçoit la distinction de Notaire Honoraire pour sa carrière et la direction de la gérance de Pully tout au long de sa vie. L’union d’Elyse et de Marcel donnera naissance à deux enfants, Christiane en 1947 et Martine en 1953. Aujourd’hui, la famille s’est agrandie et leurs petites-filles Nathalie et Sylvie viennent régulièrement leur rendre visite à l’établissement médico-social de Pully, sans oublier la présence de leur arrière-petite-fille Kelia.
A travers les époques
« On se souvient bien des cartes de rationnement pendant la guerre », raconte Elyse Vanney. Son mari, promu au grade de fourrier durant cette partie sombre de l’humanité, séjourne aux abords du village de Bruson dans le Val de Bagnes. « J’y ai été mobilisé durant la deuxième guerre mondiale », poursuit le vétéran. S’il était difficile pour les deux tourtereaux de se fréquenter durant cette période, leur amour s’est renforcé par voie postale : « On s’écrivait des lettres pendant son école de recrue ». Malgré les souvenirs liés à la vie militaire, Elyse et Marcel Vaney sont tombés amoureux de cette région : « Nous avons construit un chalet à Verbier au début des années soixante ». Une résidence secondaire qui, grâce à la main verte de Marcel, aurait certainement mérité le prix du chalet le mieux fleuri de la station. Eté comme hiver, la famille Vaney s’y retrouve aujourd’hui encore pour effectuer balades en montagne et journées de ski. Un sport que Marcel Vaney a par ailleurs pratiqué jusqu’à ses 81 ans. Le plaisir de vadrouiller, les époux Vaney, comme on les surnomme au sein de l’établissement de Pully, l’ont cultivé par le biais des voyages. Brésil, Amérique du Sud, Asie, Suède, Norvège… Une curiosité pour l’ailleurs qui laisse aujourd’hui de nombreux souvenirs aux deux centenaires. « Je partais équipé de la tête aux pieds avec mon matériel photo et vidéo », se remémore Marcel.
Philosophie de vie
On dit souvent que l’on vieillit comme on a vécu. Les époux Vaney ne dérogent pas à la règle puisqu’aujourd’hui, ils gardent cette jolie philosophie de vie qui les caractérise. « La vieillesse nous supprime bien des choses, mais l’amour reste ». Un amour qui a toujours accompagné Elyse et Marcel, adoucissant les moments douloureux et faisant passer rapidement le temps. « Je me suis demandé si vraiment j’avais 100 ans », plaisante la jeune centenaire. Une bonne humeur de l’âme qui est peut-être, qui sait, le secret de leur longévité.