Précocité ?… Ses dangers pernicieux !
Pierre Scheidegger Panathlon-Club Lausanne | Combien étaient-ils? Combien seront-ils encore? Ils ont dix, douze ans! Puis plus tard, à environs 15 ans où les passions caractérisant tout jeune désirant se vouer à une «carrière sportive» soit dans sa discipline choisie s’estompent en regard aux difficultés du sport de haut niveau. Est-ce la faiblesse ou la force d’un sport d’entreprendre une jeunesse à des fins presque exclusives de vouloir ou exiger d’en moduler de futurs champions?
Devant quelle volonté se trouve-t-on?
De l’enfant ou de l’adulte en charge de lui faire découvrir cette fantastique culture que représente le sport? Aujourd’hui, très vite l’enfant entre dans un monde de spécialisation précoce, soit une «construction» planifiée de formation qui a pour principale cible d’amener des enfants très jeunes, des adolescents aux succès sportifs, voire plus tard éventuellement aux grandes compétitions internationales. L’enfant, jusqu’à l’adolescence acceptera de se soumettre à des charges de travail, d’entraînements répétitifs, même lourdes jusqu’à la limite de ses capacités de performances. Il ne gère pas encore ses limites et inconsciemment se trouvera à les dépasser. N’oublions pas cependant que la spécialisation devrait être retardée si nécessaire, même si l’on découvre que le jeune sportif présente certains dons ou capacités précoces.
Là seront les rôles importants de l’entraîneur
Dans certains sports aux spécialisations précoces est organisée une planification de formation qui a pour «presque» seul objectif d’amener un enfant, un adolescent, aux succès sportifs avec souvent l’oubli du développement intellectuel, mental et… santé! S’il est vrai qu’un des buts premiers est la vision de participer à une grande compétition, il est également vrai que tel succès ne doit pas déshumaniser le sport, le sportif. Cette situation peut créer chez les plus jeunes, en particulier pour ceux qui vont rencontrer… l’échec, une frustration pouvant les entraîner vers des abîmes insoupçonnés, tout en prétéritant leur jeune existence.
Non! La précocité d’un jeune sportif n’est pas une tare…
Il faut simplement la respecter et la gérer car elle peut aussi devenir «l’enfer» d’un enfant. Une pression exagérée de la part de parents, d’entraîneurs, peut très facilement conduire l’enfant à un manque de confiance cachée. Ou parfois d’inciter par une ambition exagérée de certains adultes des réactions à valeur négative chez le jeune sportif. Situation souvent provoquée par désir inconscient de ces derniers en relation à d’éventuelles frustrations personnelles, dues à des échecs subis tant dans le sport que dans leur propre existence. L’abandon de la pratique sportive chez l’adolescent, peut aussi dériver d’un manque de divertissements entre copains, d’ennuis dus à une surcharge sport-études, mauvaise communication en tout genre ou tout simplement n’ayant pas «trouvé» le groupe dont il aspirait. Ne négligeons pas non plus que la précocité d’un jeune sportif influence aussi cette volonté de réussir presque dans l’immédiat et peut avoir une mauvaise perception de sa compétence sportive si le résultat n’est pas immédiat.
C’est aussi cela les risques et dangers de la précocité chez un jeune sportif
Alors le rôle de l’éducateur sportif doit, avec patience, développer chez l’adolescent, mais pas seulement chez l’adolescent précoce, la maîtrise de soi, la tolérance à la frustration et surtout l’apprentissage d’une confiance sans faille dans ses progrès individuels.