Porter la parole, éluder, protéger
En annonçant mardi dernier la suppression de 19 de ses filiales dans le canton, La Poste répond à la demande du marché qui lui impose de réduire la voilure à « 2000 sites desservis en Suisse » sous peine de rupture d’équilibre financier.
Nous sommes bien loin des PTT d’antan qui avaient « inventés » la généreuse notion de service universel. Trop généreuse ?…
« La Poste n’a en aucun cas l’intention de démanteler son réseau de filiales : nous voulons les transformer » précise Silvana Grellmann à qui incombe le difficile processus de faire avaler la pilule. Porte-parole et responsable de la Kommunikation du géant jaune, elle est rompue à la tâche et n’en est pas à sa première annonce. C’était déjà elle qui annonçait les horizons stratégiques de La Poste en 2017.
« L’objectif est d’adapter le plus rapidement possible les filiales transformées aux besoins et aux habitudes de la clientèle ». Les besoins et habitudes de la clientèle… La Poste ne serait donc plus raccord avec la population ? Aurait-elle oublié de suivre l’évolution sociétale ?
« La poule qui chante est celle qui a fait l’œuf ». Cette citation éclaire un élément rhétorique qui est d’un usage commun aux USA, en Israël, en Russie et dans bien d’autres conflits dépassant la couverture de notre humble hebdomadaire. Mais il fonctionne à merveille à plus petite échelle aussi. En clair, les nouvelles filiales (épiceries, pharmacies, locaux communaux…) nous demandent de changer nos besoins et nos habitudes.
Une langue de bois qui masque à peine l’inexorable disparition du service public considéré comme sans valeur ajoutée. Ce processus est courant chez ces entreprises qui ne voient pas l’humain apparaître dans leurs livres de calcul.
Pour terminer sur une note positive, saluons tout de même le courage dans la bataille de ces porte-parole, leur art d’éluder le débat et leur loyauté dans la protection de leur employeur, quel qu’il soit, La Poste, Tamedia…
Je profite de cette positivité finale pour féliciter l’autre côté, impartialité oblige. Ces pétitionnaires qui s’opposent à la fermeture des filiales postales : 2000 signatures le premier jour, 10’000 ce lundi, saluons une valeur ajoutée humaine et bienvenue !