Petite exposition en hommage à Clara Haskil
Elle ne connaîtra le triomphe que dans les dix dernières années de sa vie
Pierre Jeanneret | Les amateurs de musique classique qui fréquentent le marché de Lausanne ou la Bibliothèque cantonale et universitaire pourront jeter un coup d’œil sur la toute petite expo (quelques vitrines) consacrée, à l’entrée de la BCU, à la grande pianiste Clara Haskil. Rappelons que celle-ci est née en 1895 à Bucarest dans une famille juive. Très tôt, elle se révèle comme une enfant surdouée. A l’âge de sept ans, elle part étudier le piano à Vienne, puis à Paris. Atteinte en 1914 d’une scoliose déformante, elle restera, fragile, bossue, et vivra toute sa vie un calvaire physique. Après la Première Guerre mondiale, elle rencontre partout un immense succès. Mais, doutant toujours d’elle-même et atteinte d’une timidité maladive, elle ne connaîtra que tard dans la vie la carrière brillante qu’elle pouvait espérer. Après la débâcle française de 1940, elle se réfugie en « zone libre ». Peu avant l’invasion de celle-ci par la Wehrmacht en 1942 et menacée comme juive, elle se réfugie in extremis en Suisse. Elle s’installe à Vevey. En 1949, apatride, elle obtient la nationalité suisse. Elle ne connaîtra le triomphe que dans les dix dernières années de sa vie, donnant des concerts dans le monde entier et réalisant de multiples enregistrements, grâce à son jeu exceptionnel. « Clara Haskil a été envoyée sur terre pour jouer Mozart » dira un critique musical. Suite à une chute, elle décède à Bruxelles en 1960. Elle est enterrée à Paris au cimetière Montparnasse. En 1963 est créé le Concours international Clara Haskil qui se tient à Vevey, où une rue porte son nom.
Que montre donc cette mini-exposition ?
Des lettres de la pianiste, des affiches, des livres qui ont été écrits sur elle, des photos, des témoignages écrits, dont celui de Charlie Chaplin, qui avait une immense admiration pour elle. Il a dit : « Dans ma vie j’ai rencontré 3 génies. L’un était Clara Haskil, l’autre le Professeur Albert Einstein et le troisième Sir Winston Churchill. » L’artiste venait d’ailleurs chaque année à Noël jouer du piano au Manoir de Ban. Mais l’essentiel, c’est évidemment sa musique, impossible à représenter en images. Faute d’enregistrements filmés d’elle (dus à son extrême timidité et aux doutes constants qu’elle avait sur ses capacités), on peut voir et entendre des extraits de concerts d’autres pianistes qu’elle a inspirés. Ou réentendre à la maison ses enregistrements sublimes…
« Clara Haskil », Lausanne, BCU – Jusqu’au 7 mai 2022