Peintures abstraites de Solange Ringger face à la pandémie
A l’espace p’ARTages Savigny jusqu’au 17 octobre

Pierre Jeanneret | Dans l’espace lumineux de l’espace p’ARTages à Savigny, Solange Ringger nous a dit : « C’est pour fêter mes 70 ans que je m’aventure à exposer mes peintures. » Elle a eu raison, car son exposition révèle un réel talent. Sa vie a suivi un parcours intéressant. Née à Lausanne en 1951, elle est entrée en 1968 à l’Ecole des Arts et Métiers de Vevey, en section décoration-étalage. Un goût qui ne la quittera pas, car elle a toujours aimé bricoler dans son appartement, s’essayant à divers procédés tels que le serti, une technique de peinture sur soie permettant par exemple de décorer des foulards. Pourtant, en 1980, elle a opéré une reconversion professionnelle complète, entreprenant une nouvelle formation en ergothérapie, spécialisée en pédiatrie et en orthopédie, métier qu’elle a exercé avec passion pendant trente ans, en milieu hospitalier puis en privé. Mais revenons à son exposition ! Si ses peintures figuratives presque hyperréalistes convainquent moins, on sera séduit par la force qui se dégage de ses peintures abstraites. Certaines sont en lien direct avec le Covid, telle cette forme de vague gigantesque qui semble vouloir tout submerger, un peu comme celles peintes jadis par Courbet et Hokusai. D’autres laissent libre cours à notre imagination, même si leurs titres laissent entendre un lien avec la pandémie. Par exemple : « D’un côté les pestiférés, les plus de 65 ans, vieux, fragiles, quasiment responsables de cette situation et de l’autre côté les autres », ou encore : « On croyait que c’était derrière nous ». On remarquera d’abord plusieurs petits tableaux carrés à dominante bleue, parcourus par un trait jaune vif. D’autres tableaux, plus grands, sont remarquables par le jeu des formes et des couleurs, ainsi que par la force qui s’en dégage. Certains d’entre eux présentent un léger relief, obtenu grâce à des pâtes. L’artiste utilise diverses techniques, créant parfois un «craquelé» sur la toile. L’exposition de Solange Ringger conjugue donc unité et diversité. Petit détail qui a son importance : on relèvera les prix bas des œuvres exposées, qui sont ainsi accessibles à tout un chacun. On profitera de la visite des lieux pour admirer aussi les bijoux créés par Lucie Weber, la propriétaire de la boutique qui fait aussi office d’espace d’exposition. Ils séduisent par leur sobriété, la variété des matières utilisées (céramique, métal, boutons anciens) et leur inventivité. Voilà donc une double raison de faire le déplacement à Savigny !





