Paudex – Rejet sans appel du préavis « Bus à haut niveau de service »
Conseil communal du 29 novembre. Portion minuscule, facture majuscule, le projet n’a fait rêver personne et a fâché tout le monde
Claude Quartier | 2007, le projet d’agglomération PALM prévoit une ligne de bus rapide, efficace et modernisée entre Lutry et Bussigny. 2011, le préavis d’étude est voté à Paudex. Le projet remanié est validé en 2013.

Le 29 novembre 2021, le préavis 8-2021 soumis au Conseil communal de Paudex, concernant « Les adaptations techniques à réaliser pour l’exploitation des bus à haut niveau de service (BHNS) de la ligne Lutry-Bussigny et la requalification de la route du Simplon » est refusé par 32 voix contre 5 voix et 2 abstentions. Dix ans après les fonds baptismaux, un enterrement de première classe! En plénum, le préavis n’a trouvé qu’une personne pour le défendre, le président de la commission ad hoc contraint de faire un rapport de minorité, la majorité de sa commission recommandant le rejet en bloc du préavis. Suite à cette recommandation sans appel, il n’y a pas eu de véritables débats, personne ne s’aventurant à se faire l’avocat d’un projet mal aimé. La Municipalité n’a pas levé le petit doigt pour soutenir un préavis auquel elle ne croyait plus depuis des années. Après une condamnation en bloc tant du point de vue technique que financier, au vote secret, 80% du Conseil a dit non à ce programme de réaménagement sans intérêt pour la commune. Des années de travail à la poubelle et des centaines de milliers de francs de même.
Que des mécontents
Il aura fallu plus de dix ans pour se débarrasser d’un projet plus ou moins imposé à Paudex. La commune est bel et bien concernée par la ligne BHNS qui traverse son territoire, mais sur 550 mètres seulement. Portion minuscule, facture majuscule, le projet n’a fait rêver personne et a fâché tout le monde. Côté finance, la Municipalité a dit ne pas avoir de sous pour de tels aménagements, devisés grosso modo à 10 millions. Par égard pour les communes partenaires, Lutry et Pully, elle a mené à bien la partie technique mais a dit d’emblée qu’elle ne donnerait pas le premier coup de pioche tant que les finances communales sont dans le rouge. Fâcheuse situation due en partie aux frais de la facture sociale qui mange quasiment la moitié du budget communal.
Les riverains sont opposés au projet comme 70 oppositions le prouvent. Ils perdent des places de parcs. La route élargie est encore plus proche des maisons avec du bruit et de la pollution en plus. Le trafic ne diminuera pas suite à ces aménagements. Les riverains ont tout à perdre dans cette affaire.
Les cyclistes s’opposent en bloc et en détail au projet qui n’assure pas suffisamment leur sécurité. La continuité de l’aménagement n’est pas respectée; le marquage est discontinu, inexistant ou insuffisant. Il manque de places de stationnement, sûres et protégées.
Les usagers ne sont pas contents, car un arrêt de bus est supprimé sous prétexte qu’il est trop proche du suivant, ce qui ne satisfait pas les personnes à mobilité réduite. Le gain de temps moyen de trois minutes entre Paudex et St-François n’est pas perçu comme une amélioration significative.
Les habitants n’apprécient pas le grignotage de la parcelle Verger pour créer sept places de parc en compensation de celles perdues. Le Verger jouxte l’école et c’est une des dernières parcelles vertes propriété de la commune où l’on peut faire mieux que du parking.
En bref, personne n’est séduit par ce bouleversement de la route du Simplon qui quoiqu’on fasse restera une pénétrante à lourd trafic. La seule chose qui faisait un peu rêver c’est la modernisation des bus 9. Le vieux matériel avec remorque avait fait son temps. Les nouveaux bus de 22 mètres de long, plus grands plus confortables, ont remplacé les vieux 9 bringuebalants. Ils roulent, ils sont là, merci les tl et que veut-on de plus !
Trop cher, travaux disproportionnés pour 550 mètres de route, aucune valeur ajoutée apportée aux habitants et à la commune, « On nous donnerait gratuitement ces aménagements qu’on n’en voudrait pas ! ». C’est le sentiment qui a dominé dans toute la discussion qui fut un réquisitoire sans pitié contre un projet d’agglomération trop général, qui ne pouvait pas intéresser une communauté locale et qui lui coûtait 10 millions !
Un seul point d’interrogation : pourquoi a-t-il fallu dix ans pour s’en rendre compte ?
Budget 2022 déficitaire
Le 6 décembre prochain, la Municipalité de Paudex présentera son budget 2022 au Conseil communal. Un budget déficitaire, une fois de plus lourdement impacté par la péréquation directe et la facture sociale. Malgré les efforts de la Municipalité pour maîtriser les charges de fonctionnement en les réduisant au strict nécessaire, le budget communal 2022 présente un déficit de 2 millions de francs. Une fois encore notre contribution exagérée aux charges péréquatives cantonales pèse lourdement sur les finances de Paudex. Sans tenir compte de rentrées exceptionnelles, les recettes fiscales ont été estimées à Fr. 8.3 millions. Notre contribution cantonale à la péréquation intercommunale, à la réforme policière et à la facture sociale représente Fr. 5 millions, soit 61% de nos recettes. Le plafond d’endettement communal présenté s’élève à Fr. 17 millions. Compte tenu de notre niveau d’endettement actuel de Fr. 12.5 millions et de notre trésorerie, cela nous laisse que très peu de marge pour de nouveaux investissements. Sans une amélioration pérenne de nos finances, la commune de Paudex sera entraînée dans une spirale d’endettement continuellement croissante pour les générations à venir, voire dans le pire des cas devra emprunter, dans la limite du plafond d’endettement, pour son fonctionnement, payer les charges cantonales ou encore pour rembourser ses emprunts existants. Les contributions cantonales atteignent des niveaux scandaleux, bien au-delà de nos capacités financières de solidarité. Elles basculent nos finances dans le rouge et vident notre trésorerie. A cela s’ajoute un déficit supplémentaire pour les communes résultant du budget du canton pour 2022, budget qui va à l’encontre de l’accord d’août 2020. En effet, les communes vont perdre Fr. 22 millions de recettes fiscales et n’obtiendront rien sur ledit accord, quand bien même l’Etat aurait dû leur transférer Fr. 25 millions. La Municipalité doit ménager sa trésorerie, mais refuse que sa population en pâtisse, car elle ne le mérite pas alors qu’elle a même accepté d’endosser une augmentation d’impôts de 6.5 points en 2018. Cette situation bloque tous les investissements sociaux, routiers et d’autres infrastructures nécessaires à la vie de la commune. | La Municipalité