Où vont nos déchets verts ?
Les habitants de la commune d’Oron et des communes utilisant les déchèteries d’Oron-la-Ville et Palézieux sont invités à venir chercher du compost pur pour leur jardin dans leurs déchèteries durant les heures d’ouverture et jusqu’à épuisement du stock. Ce compost est offert par la compostière de La Coulette et la commune d’Oron afin de sensibiliser ses habitants au tri de ce « déchet ».
Texte et photos Marie Durussel | Trier nos déchets verts peut paraître anodin, pourtant, c’est un acte primordial qui a un impact non négligeable sur la nature. En effet ceux-ci représentent 870 tonnes pour la commune d’Oron et les communes voisines d’Auboranges, Grange-Veveyse, Chappelle-sur-Oron et Saint-Martin pour l’année 2022. Ses habitants sont habitués à déposer leurs déchets verts dans la benne prévue à cet effet ou dans le parc à branches des déchèteries de Palézieux et Oron-la-Ville. Ces emplacements ne sont pas synonymes de destinations finales pour ces végétaux qui poursuivent leur parcours à la compostière de La Coulette, située sur la commune de Belmont, avant de retourner à la nature.
Un cheminement naturel
Le parcours de ces résidus végétaux commence dans les déchèteries. Deux fois l’an, des machines de la compostière viennent y broyer les branches, permettant ainsi d’en diminuer le volume, avant leur transport sur les hauts de Belmont. Quant aux bennes de gazon et déchets de cuisine, elles sont vidées tout au long de l’année. Les végétaux ainsi broyés sont disposés à la compostière en un immense tas qui est retourné très régulièrement, à l’aide de machines afin d’y apporter de l’oxygène. En effet, ce sont les bactéries et champignons présents dans les végétaux qui permettent au compost d’arriver à maturité et pour que ces auxiliaires puissent digérer ces végétaux. ils ont besoin d’apport d’oxygène. Ce processus se poursuit pendant une durée de trois à quatre mois. « On doit garantir trois semaines à 52 degrés au minimum afin de s’assurer que le produit fini est hygiénisé et les pathogènes détruits. Dans notre tas de compost, il fait environ 70 degrés », explique Gisela Favre, directrice de La Coulette. Le compost arrivé à maturité est ensuite tamisé afin d’y enlever les gros bouts de bois et les résidus d’indésirables qui pourrait malheureusement s’y trouver. « Le produit criblé fin est utilisé pour les
jardins et celui plus grossier pour l’agriculture », précise-t-elle.
Les repreneurs principaux de compost sont les agriculteurs qui utilisent ce matériau naturel comme engrais.
Les conséquences du mauvais tri des déchets verts
La compostière de La Coulette traite annuellement environ 20’000 tonnes de végétaux dont la qualité est sous surveillance. « Nous avons des contrôles réguliers, par des organes officiels afin de mesurer les indésirables présents dans le compost, si celui-ci ne devait pas être dans les normes demandées, le compost ne pourrait pas être utilisé dans l’agriculture mais cela ne s’est jamais produit », explique la directrice de la compostière. Le mauvais tri des déchets a un impact négatif sur la qualité du compost, plusieurs éléments se retrouvent, à tort, dans la benne à déchets verts comme par exemple, des restes d’aliments cuits, des sacs plastiques, des bouchons de bouteille de PET, des pots de fleurs en plastique, des capsules de café, des bouts de fer, des ficelles de débroussailleuses… Ces déchets pourraient se retrouver ensuite dans la nature sans un travail minutieux. « Nous pouvons observer que les déchets verts récoltés dans les déchèteries, comme c’est le cas dans la commune d’Oron sont beaucoup plus propre que ceux récoltés en porte à porte ou dans des containers mis à disposition en libre utilisation », explique Gisela Favre.
Sensibiliser la population
Pour la municipale d’Oron, Anne-Cécile Uldry, il est nécessaire de sensibiliser à cette problématique.
« Je souhaite montrer aux habitants que les efforts qu’ils fournissent pour trier leurs déchets permettent de les revaloriser dans une filière très courte concernant les déchets verts et qu’il est primordial que la matière qui sort de nos déchèteries soit de qualité afin que le produit ainsi transformé retourne à la terre sans la polluer ».
Elle explique que le fait de venir déposer ses déchets verts dans les lieux de collecte des déchèteries permet que ces derniers soient de meilleure qualité que si c’était du porte-à-porte, même si elle est bien consciente que cette manière de procéder est contraignante. Le personnel de la voirie contrôle et aiguille les habitants durant les ouvertures de la déchetterie, il sort également les indésirables se trouvant dans la benne à déchets verts ou dans le parc à branche. La municipale est contente des efforts des habitants. « Il y a beaucoup de gens qui viennent avec leur bidon et qui mettent leurs déchets verts dans la benne, c’est super ! Par contre je trouve dommage de faire cet effort et qu’une petite partie laisse les citrons dans leur filet, l’orchidée dans son pot ou tous les petits autocollants plastiques qui sont malheureusement collés sur les peaux des fruits, par exemple. Pourquoi faire l’effort du tri pour finalement ne pas aller jusqu’au bout ? » C’est pour cette raison qu’elle a souhaité montrer à la population le cheminement de ces déchets et le produit fini. En effet comment de pas être enthousiaste en voyant ces végétaux grossiers se retrouver en produit terminé ressemblant à de la terre fine, plein de nutriments pouvant retourner nourrir nos sols et nos aliments futurs.
Rendez-vous…
…dès samedi dans l’une des déchèteries de la commune. N’oubliez pas de prendre un contenant et d’associer le compost avec votre terre, il est à maturité mais pur il est trop riche pour être utilisé sans être mélangé.