Oron-le-Châtel – Apparitions de routes le long des voies de chemin de fer
En raison de sa situation géographique, la ligne CFF Lausanne – Fribourg nécessite un entretien particulier. Virages, changements d’altitude et tunnel, en font un parcours délicat pour le matériel ferroviaire. Depuis le mois d’octobre 2020, l’arrivée de camions étrangers a entraîné plusieurs incompréhensions. Explications des travaux en cours.
Thomas Cramatte | Situées entre la localité d’Oron-le-Châtel et de Chapelle-sur-Glâne, ce sont près de 800 mètres de routes provisoires qui ont été aménagées le long des rails. « Ces accès sont créés afin de rejoindre les voies avec des machines de chantier et de permettre le stockage du matériel », renseigne Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF. Des travaux d’entretien importants qui ont débuté le 1er octobre 2020 et qui seront accomplis en juin 2021.
Les CFF prévoient par ailleurs l’installation de deux aiguillages provisoires afin de permettre aux trains de jongler entre les voies. Il est relativement rare, pour une ligne de cette importance, de ne pas autoriser les trains à changer de voies sur plus de 10 kilomètres. Pour le porte-parole, la création de ces diagonales éphémères permettra aux trains de circuler dans les meilleures conditions possibles, et ce, malgré l’utilisation d’une seule voie. « L’objectif est d’anticiper ces interventions et d’éviter au maximum les désagréments infligés par une mauvaise ponctualité ».
Terrains agricoles
Les propriétaires des parcelles jonchant les voies ont dus mettre un pan de leurs terres à disposition de ces pistes d’accès. « Si ces routes ne sont pas très larges et touchent uniquement le bord des champs, les CFF dédommagent les agriculteurs en cas de perte sur leurs cultures », explique le vice-syndic et propriétaire d’une parcelle de Chapelle-sur-Glâne, Eric Monney. Il est important de noter que tous les travaux touchant les rails nécessitent une mise à l’enquête fédérale, une procédure impliquant l’autorisation des propriétaires de terrain (emprise agricole). « Nous avons signé pour une utilisation de neuf mois ». Le service de l’environnement des CFF s’est rendu sur place avant de donner son accord pour engager la construction des routes d’accès. « Des sondages sont effectués avant et après les travaux pour examiner la qualité des sols », ajoute le vice-syndic en charge de l’aménagement du territoire. Une fois l’aval du service de l’environnement, un tapis (géotextile) de protection a été apposé afin de recevoir les 50 centimètres de grave. C’est lors de la mise en place du tout-venant que certaines incompréhensions ont été observées.
Ecologie paradoxale
Les Chemins de fer fédéraux font appel à plusieurs entreprises pour intervenir sur leurs voies. « Comme lorsque l’on construit une maison, nos travaux sont soumis à la loi par appel d’offres », renseigne le porte-parole des CFF. C’est la société Grisoni Zaugg SA qui est responsable des aménagements de chaque côté des voies. Adjudicataire des travaux, le groupe fribourgeois est également fabricant de grave recyclée. Pourtant, la matière première à la fabrication des routes d’accès vient d’une société française. Ainsi, toute la grave nécessaire à la construction des routes a exigé de nombreux transports routiers. « Nous savons que les camions passaient la frontière à Pontarlier », précise Eric Monney. Un trajet d’environ mille kilomètres qui s’explique par les exigences écologiques. Car la grave recyclée n’est pas entièrement propre en raison des produits employés pour sa réutilisation. « Notre cahier des charges et nos exigences doivent être respectés par nos mandataires », note Jean-Philippe Schmidt. Du côté du groupe Grisoni Zaugg, le fonctionnement reste le même que pour les CFF. Un appel d’offre pour fournir du tout-venant a été réalisé, et visiblement, aucune société plus proche n’a été en mesure de fournir la matière première désirée. « La loi sur les appels d’offre n’autorise pas la favorisation d’entreprise locale. » Si ce transport routier peut paraître paradoxal, il a au moins l’avantage de sauvegarder les sols, malgré une matière première venue de France voisine.