Opinion – Non à la suppression de la valeur locative : préserver nos finances et nos artisans

Jean Christophe Schwaab Vice-syndic socialiste de Bourg-en-Lavaux | En septembre, nous voterons sur l’introduction d’un impôt immobilier cantonal sur les résidences secondaires (en réalité: la suppression de la valeur locative). Derrière ces termes techniques se cache un bouleversement fiscal lourd de conséquences. Aujourd’hui, les propriétaires qui occupent leur logement sont imposés sur une valeur locative fictive, mais peuvent déduire de leur revenu imposable les intérêts hypothécaires et les frais d’entretien. Le projet soumis au peuple supprime à la fois cet impôt… et ces déductions.
Pour les caisses publiques, la perte est considérable. Selon les estimations de la Confédération, la suppression entraînerait un trou fiscal de plusieurs centaines de millions de francs par an, réparti entre la Confédération, les cantons et les communes. Dans un contexte de pressions budgétaires croissantes (vieillissement de la population, infrastructures à moderniser, incertitudes géopolitiques, impact des droits de douanes imposé par M. Trump), renoncer à ces recettes stables, qui concernent surtout les ménages les plus aisés, reviendrait à fragiliser l’ensemble de nos services publics. La tentation serait alors grande d’augmenter d’autres impôts ou de réduire les prestations.
Mais l’impact ne s’arrête pas aux finances publiques. En supprimant la possibilité de déduire les frais d’entretien, on retire aux propriétaires un incitatif puissant à investir dans l’entretien et la rénovation de leur logement. Or ces travaux sont souvent réalisés par les entreprises locales du second œuvre – peintres, menuisiers, couvreurs, installateurs sanitaires, électriciens… Un affaiblissement de cette demande aurait un effet direct sur l’emploi et le tissu économique régional, particulièrement dans les PME artisanales qui font vivre nos communes. La suppression de la déduction fiscale aurait aussi pour effet d’encourager le travail au noir, notamment au détriment de l’AVS.
En période de transition énergétique et de lutte contre le gaspillage des ressources, décourager l’entretien et la rénovation est un contre-sens. C’est au contraire le moment de stimuler ces investissements, qui améliorent l’efficacité énergétique des bâtiments et soutiennent l’économie locale.
La suppression de la valeur locative se présente comme un allègement fiscal séduisant, mais elle cacherait une double perte: des recettes publiques en moins et du travail en moins pour beaucoup de nos entreprises. Protégeons nos finances, nos artisans et notre patrimoine bâti. Le 28 septembre, votons NON.