Ô rage! Ô désespoir! Ô vieillesse ennemie! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie?
Ô rage! Ô désespoir! Ô vieillesse ennemie! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie? Ces quelques vers du «Cid» de Corneille possèdent depuis quelques jours une nouvelle résonnance… Même si ce monologue de Don Diègue découle d’une trahison, nous pouvons tous ressentir ce même sentiment au fur et à mesure que nous nous approchons de la retraite.
Depuis des décennies, nous cherchons à réformer la prévention vieillesse sans jamais parvenir à un résultat capable d’assurer le niveau de vie antérieur de chacun. Une chance nous a été donnée de poser la première brique dimanche dernier, mais personne n’a pu se mettre d’accord sur l’angle dans lequel il fallait la poser. Or, comme le dit le vieil adage «dans le doute abstiens-toi», la population a refusé. Il faut tout de même noter qu’à chaque refus le positionnement de chacun, des partis comme des individus, se fige un peu plus; des murs se montent de part et d’autre, et ils seront défendus becs et ongles, si l’on en croit nos édiles.
Nous revoici donc à la case départ. Même case… mais juste un peu plus loin et plus rigides, nous éloignant d’un possible compromis dont notre pays est si friand.
Il y avait ceux du «ce n’est pas assez!» et ceux du «c’est déjà un début…». Le premier camp ayant gagné, la balle est donc dans leur camp et les solutions à venir promettent encore de nombreux NON dans les urnes.
Il s’agit bien de la tragi-comédie de Corneille revisitée, avec nos vies – ou ce qu’il en restera! – comme protagonistes. Et dans une société où «rester jeune» est le maître-mot, il est bien compréhensible que les vieux sont une classe à laquelle nous ne ferons jamais partie… le dilemme est cornélien!
Le Cid avait bouleversé le paysage dramatique de l’époque, espérons qu’un changement s’opérera dans nos consciences vieillissantes et que cela changera la scène…
Arvid Ellefsplass