Neutre mais pas indifférente
Ce lundi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky était à Berne, reçu par tous les pouvoirs, gouvernement, parlement et partis. Un accueil hors norme qui succède à sa proposition de la veille à Davos de mise en œuvre d’une « formule de paix » en dix points ciblant la fin des hostilités en Ukraine.
Dans une actualité chaotique qui nous fait voyager de l’Ukraine à la bande de Gaza, des pirateries du Golfe Persique aux menaces en Mer Rouge, pour finir (?) sur les dangers démocratiques en Europe comme aux Etats-Unis, il est tout de même agréable d’entendre le mot « Paix » être prononcé à l’occasion d’un regroupement des éminences mondiales dans notre charmante contrée.
C’est surtout l’occasion de remettre en pratique les bons offices dont se targue notre pays depuis, euh… si longtemps. Retour de la diplomatie, des tables de négociations, des cabinets privés et des accords signés en secret affublés de leur « - No comment » à la sortie. Enfin un peu d’air ! On en oublierait presque les « turpitudes » d’Erdogan qui s’affichait comme unique et impartiale plateforme diplomatique entre la Russie et l’Ukraine. On a eu chaud !
La Suisse est enfin de retour. Remercions le WEF qui aimante les intérêts du monde et draine les décideurs nantis des portefeuilles autorisés par leurs nations. On se prendrait presque à chanter du Liza Minnelli pour y mettre un fond sonore : Le monde est un cabaret, mon vieux !…
La neutralité suisse reprend enfin un peu de sens. Elle qui, si chahutée en fond de classe par ces problèmes d’armement non livrables, redresse le dos et pointe fièrement son regard au loin.
Evoquant cette neutralité par une évidence, Ignazio Cassis avait déclaré dimanche qu’ « il n’y aura pas de paix sans que la Russie ait son mot à dire ». Le chroniqueur diplomatique d’un média populaire russe Alexandre Grichyne s’est empressé de commenter « Ne vous fiez pas à sa taille, la Suisse est en réalité essentielle à toute négociation internationale ».
Quelle belle reconnaissance pour nos bons offices…