Mon père, je vous pardonne Daniel Pittet – Editions Philippe Rey
Milka | Avec un départ difficile dans la vie puisque sa mère a été agressée alors qu’elle était enceinte, Daniel Pittet doit très vite faire face à un père violent qui leur cause bien des ennuis. Chassé d’une petite ville parce que leur famille ne convient pas à la morale bien-pensante de l’époque, il va vivre avec une mère malade et sa grand-mère qui vont s’occuper tant bien que mal de ses frères et sœurs et de lui-même.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, Daniel Pittet va être violé plus de deux cent fois, pas une fois pas deux, deux cent fois. Dès l’âge de 9 ans. Par un homme d’église, un homme sensé faire le bien autour de lui et qui ne sèmera que le mal. Sur plus de 150 mineurs. On peut penser que beaucoup savaient ou se doutaient, mais personne ne dénonçait. Aussi bien dans l’église que dans son entourage familial. C’est finalement une religieuse qui va le sauver des griffes de son bourreau.
Au début des années 2000, Daniel dénonce son violeur et arrive à faire reconnaître les crimes par l’église. Pour que toute sa souffrance n’ait pas été inutile, il prolonge sa lutte, pour les autres victimes de la pédophilie. Il pourrait avoir de la haine contre l’église, généraliser, ce n’est pas le cas. Bien au contraire, il a eu l’intelligence de ne pas tout mélanger. Il va même vouloir être prêtre, va vivre dans un couvent pendant 5 ans, faire de belles rencontres. Il va aussi s’engager dans la vie associative, être un chrétien convaincu, sans jamais perdre sa foi.
Il va rencontrer le pape, à plusieurs reprises, celui-ci va sentir sa souffrance et surtout la reconnaître. Le pape François a d’ailleurs écrit la préface de ce livre et demandé pardon au nom de l’église en précisant que les prêtres pédophiles doivent être punis, mais que les évêques et les cardinaux qui les ont couverts doivent aussi assumer leur part de responsabilités.
Ce pourrait être un simple récit d’une victime de pédophilie, mais Daniel Pittet va plus loin. Il va rencontrer son bourreau quarante-quatre ans plus tard. Il ne tombera pas dans la haine, refusera de se laisser prendre au piège de la vengeance. C’est un homme debout, père de 6 enfants, qui décide d’avancer. Qui ne veut pas se laisser ronger par la haine. Qui refuse ce droit à son bourreau.
La dernière partie du livre retransmet un entretien entre son agresseur et Micheline Repond. Cette partie m’a dérangée car j’ai eu la nette impression que ce prêtre minimisait ses actes. Certes, il les reconnaît, mais il se demande pourquoi Dieu ne l’a pas arrêté!
Un très beau récit, même si les mots sont crus. Mais qui donne de l’espoir! Et qui souligne que même si certains prêtres sont pédophiles, ce n’est pas le cas de tous, bien au contraire.